Pause séries : avec « Obsession » et « Liaison fatale », l’érotisme en voie de disparition

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CHRONIQUE

Le hasard du calendrier des mises en ligne a fait qu’à quelques jours d’intervalle, deux séries sont venues nous rappeler l’existence d’un sous-genre que l’on croyait plus ou moins disparu depuis le dernier volet de Cinquante nuances de Grey : le thriller érotique. Cette catégorie cinématographique un peu ringarde a connu son heure de gloire à la fin des années 1980 et au début des années 1990, donné quelques films sympathiques (9 semaines 1/2, d’Adrian Lyne, en 1986), un ou deux chefs-d’œuvre (Basic Instinct, de Paul Verhoeven, en 1992) et beaucoup de navets.

Avec souvent deux points communs : la présence de Michael Douglas au générique et une forme de puritanisme dans sa morale − le sexe, pratiqué hors mariage et hors des normes habituelles, y entraîne toujours une forme de châtiment.

Figé dans une époque et un certain état de l’Amérique (car le genre est essentiellement américain), le thriller érotique s’est étiolé au tournant des années 2000 : beaucoup de critiques voient dans Eyes Wide Shut (de Stanley Kubrick, en 1999) son point final.

Grande liberté de ton

Les deux reboots actuellement visibles sur nos petits écrans, Obsession et Liaison fatale, ont néanmoins deux buts différents. Moins qu’un remake de Fatale, le thriller érotique plus ou moins raté de Louis Malle (sorti en 1992), la série britannique Obsession (sur Netflix) se présente comme une nouvelle adaptation du livre de Josephine Hart (Dangereuse, 1991).

De son côté, Liaison fatale (Paramount +) est une réécriture moderne, et dans un format sériel, du film d’Adrian Lyne sorti en 1987. Les deux productions ont en commun de s’inscrire dans un cadre de diffusion qui leur donne une grande liberté de ton − les plates-formes − mais de devoir prendre en compte l’évolution des mentalités quant aux représentations du corps, notamment féminin, et du sexe.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Une nouvelle « Liaison fatale » à la Adrian Lyne entre Lizzy Caplan et Joshua Jackson sur Paramount+

Passons sur les qualités des deux séries, le plus intéressant dans la démarche est à quel point le résultat, en termes d’érotisme, diffère sans toutefois toucher à son but. Obsession a beau doter son personnage principal de talons aiguilles et de rouge à lèvres, cela n’empêche pas les scènes de sexe, volontairement crues et supposément réalistes, de se révéler terriblement froides et peu excitantes.

En déshabillant beaucoup moins ses acteurs, Liaison fatale fait pourtant un peu mieux. On n’y voit pas grand-chose de l’anatomie de Lizzy Caplan et Joshua Jackson mais en assumant de s’en tenir à du sexe « soft », passionné dans l’idée plutôt que dans ce qui est donné à en voir, la série préserve une forme de cohérence dans son projet, qui est essentiellement de rendre justice au personnage anciennement joué par Glenn Close, tout en conservant la patine « vintage » du film.

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