FRANCE 5 – MARDI 12 SEPTEMBRE À 21 H 05 – DOCUMENTAIRE
Partenaire de la 40e édition des Journées européennes du patrimoine des 16 et 17 septembre, France Télévisions propose de s’intéresser non pas tant aux « vieilles pierres » qu’à ceux qui s’investissent sans compter pour les sauvegarder. Pour leur tirer un coup de chapeau mérité, mais aussi, pourquoi pas, susciter des vocations.
En commençant par Villefranche-de-Conflent (Pyrénées-Orientales), petite cité fortifiée par Vauban qui a la particularité d’abriter une grotte partiellement fortifiée, la Cova Bastera, rachetée par Philippe Lopez, entrepreneur audacieux, qui souhaite en faire la première grotte à thème de France en y installant un troupeau de dinosaures animés. Il compte ainsi créer un « effet waouh » et attirer les visiteurs – sur les 65 000 grottes de France, seules 63 accueillent du public. Coût : 400 000 euros pour la grotte et autant pour les allosaures, smilodons et autres vélociraptors robotisés…
A Duclair (Seine-Maritime), Nicolas Navarro, gants de chantier et spatule en main, n’a rien du châtelain des contes de fées. Ses parents ont eu un coup de foudre pour le château de Taillis, quasi en ruine, quand il était petit, et ont passé leur vie à le restaurer – sur les 45 000 châteaux de France, 83 % appartiennent à des particuliers. Lui s’y est mis à 18 ans. A 41 ans, il continue, l’automne et l’hiver, puis le loue pour des événements privés au printemps et l’ouvre au public l’été. Afin de rentrer dans ses frais, et de pouvoir débourser 80 000 euros pour réparer la toiture.
« Business lucratif »
Si les caméras suivent principalement ces deux « chantiers », elles nous font également rencontrer trois autres personnages. D’abord Kléber Rossillon, qui a fait de la rentabilité des monuments historiques son métier. Il incarne le pro de la bande, que ce soit au chevet d’un petit train à vapeur en Ardèche ou d’un des douze sites patrimoniaux pour lesquels il travaille.
Viennent ensuite l’investisseur Michel Hochard, qui a acquis, à Boyardville (Charente-Maritime), la Maison heureuse, accueillant des colonies de vacances, pour la restaurer et la revendre en lots à des particuliers – sujet qui aurait mérité un traitement plus rigoureux –, puis Patrice Besse, spécialiste du patrimoine religieux, sauveteur de l’église de Crusnes (Meurthe-et-Moselle), bâtie avec le métal extrait de la mine, avant sa fermeture à la fin du siècle dernier.
Au commentaire, la voix off insiste systématiquement sur la volonté des propriétaires de transformer leur site en « business lucratif », deux mots récurrents, oubliant le rêve, la passion et les contraintes matérielles. Le classement en monument historique oblige ainsi, notamment, à faire appel à des artisans reconnus par l’Etat. Nicolas Navarro s’en amuse. Il s’est ainsi « offert », cette année, les services d’un peintre, Eric – « Une folie ! Pendant un mois et demi » –, comme d’autres s’offriraient un bijou ou une voiture.
Patrimoine, de vieilles pierres très précieuses, de Valentine Amado (Fr., 2023, 52 min).