« Nous refusons d’abandonner les artistes soudanais » : l’appel de plus de 330 personnalités du monde de la culture

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Le samedi 15 avril, le Soudan est entré dans une guerre totale qui piège la population civile, prise en étau entre deux factions rivales de l’armée qui se disputent le contrôle du pays. En quelques années, une milice paramilitaire – les janjawids, désormais Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti » – qui, jusque-là, secondait l’armée régulière dans sa répression de toute contestation politique est devenue plus riche et plus puissante que l’Etat, se retournant contre ceux-là mêmes qui l’avaient créée.

Contrairement à la version diffusée par certains médias internationaux, il n’y a pas de guerre civile au Soudan. Un conflit armé oppose deux généraux sanguinaires, Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane et « Hemetti », autrefois alliés de circonstance et désormais frères ennemis. Deux hommes au lourd passé de génocidaires, tous deux reconnus coupables, dans les années 2000, de crimes de guerre et de crime contre l’humanité au Darfour.

Deux hommes qui se soucient fort peu du sort de la population civile et qui n’agissent qu’au nom de leurs intérêts propres, privant depuis des années le Soudan de ses richesses minières et agricoles.

Deux hommes prêts à tout pour asseoir leur pouvoir : bombardement des centres-villes, destruction des hôpitaux et des infrastructures locales, enlèvements, viols, saccages des habitations, pillages, tirs à l’arme lourde dans les rues, non-respect des accords de cessez-le-feu, profitant des trêves annoncées pour avancer leurs positions et faire toujours plus de victimes parmi les civils.

La mort rôde

Partout au Soudan, la mort rôde. Et elle menace particulièrement les artistes et les intellectuels qui ont été en première ligne du soulèvement populaire de 2019 et des années de lutte qui ont suivi. Depuis quatre ans, les Soudanais se sont organisés en comités de résistance à travers tout le pays. Ils n’ont jamais cessé de pratiquer la désobéissance civile et la grève générale pour exprimer leur refus de se laisser gouverner par des militaires ou des religieux. Ils n’ont jamais cessé, malgré le coup d’Etat militaire d’octobre 2021, de manifester, de peindre les murs de leurs slogans, au péril de leur vie, de se réunir, de résister, prêts à tout risquer pour faire advenir leurs rêves, en quête de liberté et de démocratie. Nombre d’entre eux sont morts sous les balles parce qu’ils avaient bravé l’interdiction de manifester ou de s’approcher du palais présidentiel.

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Car les Soudanais rêvent d’une madania, un Etat démocratique et libre – madani en arabe signifie « citoyen », et la madania veut littéralement dire « Etat citoyen », soit un Etat qui se serait définitivement affranchi du joug militaire et religieux qui sclérose le Soudan depuis plus de quatre décennies.

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