Le quotidien The Telegraph l’avait désigné en 2000 comme « l’une des figures les plus influentes de la musique classique britannique de ces trente dernières années » : Michael Nicholas Snowman, homme de culture et président de la maison de joaillerie Wartski, est mort à Londres le 2 mars à l’âge de 78 ans. Fils unique, né le 18 mars 1944, à Londres, dans une grande famille juive de bijoutiers d’origine polonaise, Snowman fait ses études à la Hall School, puis à la Highgate School, enfin au Magdalene College de Cambridge (de 1963 à 1966), où il suit un cursus de littérature anglaise et fonde la Cambridge University Opera Society, contribuant notamment à la rédaction d’articles sur la musique.
Passionné par l’art – son père, Kenneth Snowman, est un peintre qui mettra sa carrière en veilleuse pour diriger l’entreprise familiale – et attiré notamment par le domaine musical, Nicholas Snowman cofonde avec David Atherton le London Sinfonietta, dont il devient directeur général de 1968 à 1972. Il organise des tournées, des diffusions et des enregistrements des plus grands compositeurs, de Luciano Berio à William Walton, en passant par Pierre Boulez, Hans Werner Henze, György Ligeti, Karlheinz Stockhausen, tout en promouvant les nouveaux compositeurs britanniques de l’époque, en particulier Harrison Birtwistle, Peter Maxwell Davies ou John Tavener. Esprit curieux, ouvert, il est également pendant treize ans administrateur d’un ensemble pionnier de théâtre musical (le Music Theatre Ensemble Graphic), qui se produit dans de nombreux festivals (Brighton, Edimbourg, City of London, Perugia).
En 1972, appelé par le futur secrétaire d’Etat à la culture français Michel Guy, Nicholas Snowman commence une carrière en France (il en possédera plus tard la nationalité et la langue). Il devient directeur artistique de l’Ircam (Institut de recherche et de coordination acoustique/musique), un poste qu’il occupera durant quatorze ans, responsable auprès de Pierre Boulez de la programmation, de la recherche de compositeurs, d’artistes et de collaborations, dont « Musique au Centre », activités musicales dans les expositions et espaces du Centre Pompidou et du Musée d’art moderne à Paris. C’est tout naturellement qu’il participe en 1976 à la création de l’Ensemble Intercontemporain, entièrement voué à la création musicale, avant de devenir de 1979 à 1986 membre du comité de la musique à la Biennale de Venise (projets Stravinski, Webern, Boulez).
Six ans à la tête de l’Opéra national du Rhin
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