LA LISTE DE LA MATINALE
Le combat de la photographe américaine contre l’antidouleur OxyCotin (Toute la beauté et le sang versé), le devoir de mémoire de Christophe Cognet portant à notre regard les photographies prises par les détenus dans les camps de la mort (A pas aveugles), l’histoire du cinéma italien, du muet jusqu’au parlant (Italia, le feu, la cendre), nous guident cette semaine dans les salles.
« Toute la beauté et le sang versé » : la croisade douloureuse de Nan Goldin
Toute la beauté et le sang versé revient sur le dernier combat de la photographe Nan Goldin, lancé fin 2017. Devenue accro à un antidouleur, l’OxyContin, prescrit après une opération, l’ancienne icône des années 1980 a fait sienne la lutte contre les opioïdes aux Etats-Unis, où ces médicaments ont rendu les gens dépendants et fait 500 000 morts ces dernières années.
Le documentaire suit les actions du groupe Prescription Addiction Intervention Now (PAIN), créé par Goldin, contre la famille Sackler, dont la compagnie Purdue a fabriqué l’OxyContin. Réunions en coulisses, die-in et lancers d’ordonnances au Guggenheim rythment le film de part en part, selon l’idée fixe de Goldin : faire retirer le nom des Sackler des musées dont ils sont mécènes, quitte à annuler ses futures expositions.
Sur invitation de l’artiste, la réalisatrice Laura Poitras se trouve au bon endroit au bon moment, mais son travail d’enquête consiste, ici, à prendre de la distance pour retracer l’histoire de la rébellion de son inspiratrice, à partir d’un foisonnement d’archives particulièrement intéressantes. Cet album de famille, archéologie intime de la sédition de Nan Goldin, donne chair et humanité à son combat contre la dépendance. M. Dl.
Documentaire américain de Laura Poitras. Avec Nan Goldin (1 h 57).
« A pas aveugles » : enquête sur la piste des photos clandestines prises dans les camps nazis
Voici longtemps que Christophe Cognet s’intéresse aux images produites par les internés dans l’univers concentrationnaire nazi, d’autant plus précieuses que le IIIe Reich n’a cessé d’effacer les traces de ses crimes inexpiables. L’Atelier de Boris (2004), Quand nos yeux sont fermés (2006) et Parce que j’étais peintre (2013) s’intéressaient aux peintures et aux dessins exécutés par des déportés. Le réalisateur entreprit ensuite un travail de recueil et de lecture des photographies prises dans les camps par les internés eux-mêmes, rassemblées dans un précieux ouvrage intitulé Eclats. Prises de vues clandestines des camps nazis (Seuil, 2019).
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