ARTE − SAMEDI 13 MAI À 20 H 50 − DOCUMENTAIRE
Si Gengis Khan (vers 1160-1227) n’évoque pour vous que cruauté et férocité, cet instructif documentaire britannique, alternant reconstitutions dans des décors spectaculaires et éclairages de chercheurs, vous permettra de laisser tomber vos idées reçues sur le légendaire empereur mongol.
Car même si Temüdjin, devenu Gengis Khan (qui signifie « souverain universel »), fut un chef de guerre redouté à la tête de ses hordes, et notamment des célèbres archers à cheval réputés sans pitié, il fut aussi politicien de génie, visionnaire capable de fédérer des tribus, d’accueillir au sein de son immense empire des religions différentes, de donner aux femmes une place de choix dans la société.
En s’appuyant sur les découvertes récentes d’historiens et d’archéologues, Stuart Elliot propose une passionnante plongée au cœur d’un empire mongol qui, à son apogée, sous le règne de Kubilay Khan (1215-1294), petit-fils de Gengis Khan, allait du Danube au Pacifique. Autrement dit le plus grand empire terrestre jamais connu à ce jour.
Invention de la monnaie papier
Décryptant minutieusement les évolutions de la civilisation mongole et de ce peuple nomade, le documentaire aborde de multiples aspects, souvent méconnus : l’art de la guerre, mais aussi l’astronomie, les sciences, les arts, les recherches en agronomie, en botanique, en architecture.
Au fil du temps, on découvre une civilisation moderne, pionnière dans bien des domaines. Parmi les spécificités de l’empire : l’écriture basée sur l’alphabet ouïgour, la tolérance religieuse, le code juridique yassa qui interdit le vol et le mensonge.
Sous le règne de Kubilay, qui règne donc sur le plus vaste empire du monde, on voit aussi apparaître la monnaie papier, que les Européens n’adopteront que quatre siècles plus tard. Une invention majeure permettant à l’argent d’être transporté facilement à travers tout le territoire, utilisable partout dans l’empire et convertible en monnaie locale.
Mode de vie nomade
Autre innovation : un réseau postal perfectionné, sécurisé, qui devient un des piliers de la stratégie de conquête. Les ordres militaires, les transferts d’argent, les décrets, tout arrive à bon port, dans n’importe quel coin de l’empire, grâce aux chiens de traîneau utilisés dans le Nord, aux chameaux et chevaux en Asie centrale, sans oublier les yaks au Tibet.
De la Chine jusqu’à l’Italie en passant par la Russie et l’Asie centrale, Gengis Kahn puis ses héritiers ont bâti un empire qui a su tisser des liens entre différentes cultures. Leur mode de vie nomade a permis aux Mongols de s’adapter partout en voyageant léger, avec leurs maisons « transportables ».
Un système perfectionné de routes a aussi facilité les échanges commerciaux à travers un territoire immense. Seule la peste noire finira par avoir raison d’un empire devenu soudain trop vaste pour être parfaitement contrôlé.
L’Empire mongol, une autre histoire, documentaire de Stuart Elliot (RU, 2022, 86 min). Disponible à la demande sur Arte jusqu’au 11 juillet.