Le Théâtre de la Ville lève enfin le rideau sur sa rénovation

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Ça valait la peine d’attendre. Après sept longues années de travaux entamés en 2016, le Théâtre de la Ville, à Paris, ouvre enfin ses portes au public sur de superbes espaces réinventés qui, de la salle de la Coupole logée sous le toit de zinc jusqu’au Café des Œillets en sous-sol, propulsent le lieu dans le XXIe siècle. « Il fallait faire un grand geste », s’exclame le directeur, Emmanuel Demarcy-Mota, qui, depuis septembre 2016, rongeait son frein près des Champs-Elysées, dans l’exiguïté de l’Espace Cardin, où ses équipes s’étaient repliées.

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Le geste est effectivement d’envergure. Conçu par le cabinet Blond & Roux Architectes, le Théâtre de la Ville, rebaptisé Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt (l’actrice l’a dirigé de 1899 à sa mort, en 1923), répond à des impératifs très contemporains : équipements technologiques dernier cri, normes énergétiques respectées et climatisation maîtrisée, son immersif, écrans vidéo amovibles, cintre informatisé (ce rail d’où montent et descendent les décors). L’outil n’a pas à rougir de ses équipements.

Il peut également parader du haut d’une métamorphose qui va bien au-delà de mesurettes cosmétiques. Classique au-dehors, le bâtiment construit en 1862 par l’architecte Gabriel Davioud (1824-1881) se révèle futuriste au-dedans. Derrière la façade Napoléon-III, fraîchement nettoyée et au fronton de laquelle s’affiche le nom de l’illustre tragédienne, l’esthétique tutoie l’artistique : une salle de spectacle rénovée de 932 sièges qui dévalent en pente jusqu’à l’imposant plateau de jeu (292,5 mètres carrés).

La Grande Salle du Théâtre de la Ville, le 5 septembre.

Du rang A au rang W, des sièges flambant neufs et un peu moins serrés que par le passé ; un cadre de scène débarrassé de son rideau de fer ; un hall d’accueil connecté et polyvalent, orné d’un mobilier escamotable ; la suppression des escaliers centraux, ce qui allège les volumes et symbolise la volonté du patron d’en finir avec « l’intimidation culturelle » ; 300 mètres carrés de plancher de danse (« c’est celui qu’a utilisé la danseuse Pina Bausch [1940-2009] il y a vingt-cinq ans », précise Emmanuel Demarcy-Mota) à leur aise dans la Coupole située en altitude et où pourront s’asseoir 130 spectateurs ; partout, de hautes fenêtres d’où jaillit la lumière. Et des mezzanines de bois clair avec leurs courbes de verre qui ondulent en arrondis.

Litanie d’impondérables

Circulation, fluidité, mouvement, hybridation, transparence : cet intérieur sans faute de goût pourrait avoir été dessiné par un adepte du feng shui.  « Dans un monde qui ne cesse de bouger, nous devions lutter contre la fixité en proposant d’autres repères », estime Emmanuel Demarcy-Mota. Très impliqué dans la conception du Hall 21 (ainsi nommé car appartenant au XXIe siècle), le directeur se revendique, pour sa part, du dramaturge François Regnault : « Son livre Le Théâtre et la Mer [Imprimerie nationale, 1989] a beaucoup influé sur la scénographie. » Le fait est : le théâtre ressemble à un vaisseau amiral dont les entrailles, visibles depuis la rue, agrègent ponts, bastingages et une coque de bateau inversée, suspendue au-dessus des têtes : la rénovation a mis au jour l’impressionnante structure du gradin de béton qu’ont élaboré, en 1968, les architectes Jean Perrottet (1925-2021) et Valentin Fabre (1927-2022).

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