« Le Surréalisme au féminin », sur Arte.tv, fait le portrait de cinq artistes frondeuses

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ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

Diffusé pour la première fois en février 2020 sur Arte, l’excellent documentaire Le Surréalisme au féminin (2019), de Maria Anna Tappeiner, l’est de nouveau, en résonance avec l’exposition Surréalisme au féminin ?, organisée, jusqu’au 10 septembre, par le Musée de Montmartre, à Paris.

L’accrochage ratisse large. Il rend compte de travaux d’une cinquantaine d’artistes femmes, dont certains ont outrepassé la date présumée de la fin du groupe. Mais quand le surréalisme cesse-t-il ? Pendant la seconde guerre mondiale ? A la mort, en 1966, d’André Breton, son fondateur, dans les années 1920 ? En 1969, ainsi qu’il le fut proclamé par Jean Schuster, exécuteur testamentaire de Breton, puis contesté dans les colonnes du Monde ?

Dans son film, Maria Anna Tappeiner s’en tient à cinq figures emblématiques : l’Américaine Lee Miller (1907-1977), les Françaises Leonor Fini (1908-1996) et Claude Cahun (1894-1954), la Britannique Leonora Carrington (1917-2011), et la Suissesse Meret Oppenheim (1913-1985). Elle envisage leur carrière tout entière, mais se concentre sur les années de l’entre-deux-guerres.

Certains noms semblent connaître une plus grande postérité. Mais, méfiance : l’écrivaine et photographe Claude Cahun, intrigante figure androgyne (elle se disait de « genre neutre »), fut totalement oubliée avant de devenir l’objet d’une littérature assez abondante. Elle est l’un des cas retenus par le documentaire Un regard à soi. Les artistes pionnières dans le Paris des Années folles (2022), d’Anne-Solen Douguet.

Intéressante symbiose

On a également trop longtemps considéré ces plasticiennes comme des muses, des compagnes, des modèles : ce que fut Lee Miller, qui posa nue pour Man Ray, devint sa compagne et se forma à la photographie, entretenant avec lui une intéressante symbiose artistique. Mais qui s’imposa comme une importante correspondante de guerre.

Meret Oppenheim posa nue également pour Man Ray, mais son travail singulier, comme celui de Claude Cahun, par exemple, s’est développé avant sa rencontre avec les surréalistes. Ainsi, dans une archive filmée de 1983, Oppenheim insiste : « Je n’ai pas découvert le surréalisme ; c’est le surréalisme qui m’a découverte. » Leonor Fini, rappelle le documentaire, a pour sa part renversé « le point de vue masculin », et imposé une sorte de… female gaze (« regard féminin »).

Leonora Carrington, peut-être le nom le moins connu, en France, de ces cinq artistes, rencontra Max Ernst à Londres en 1936 et s’installa avec lui en Ardèche. Comme Lee Miller, qui mit au grenier une grande partie de son travail, elle connut des moments difficiles, avant de retrouver le fil créateur au Mexique.

Ces femmes échangeaient, se peignaient et se photographiaient mutuellement. Elles avaient en commun un esprit frondeur qui pouvait aller jusqu’au « révolutionnaire et antibourgeois », revendiqué par Meret Oppenheim. Mais elles n’aimaient guère être distinguées en tant qu’« artistes femmes » et refusaient les expositions genrées.

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Découvrir

Cependant, ainsi qu’il en va depuis peu avec les compositrices, ces regroupements constituent sûrement l’une des manières les plus efficaces de redécouvrir des œuvres passionnantes qui ont longtemps été presque totalement ignorées par les historiens de l’art et le grand public.

Le Surréalisme au féminin, documentaire de Maria Anna Tappeiner (All., 2019, 52 min). Sur Arte.tv jusqu’au 21 juillet.

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