Il est des rapports plus clairs que d’autres. Celui de Secafi Alpha, le cabinet mandaté pour « information consultation » par le comité social et économique (CSE) d’Editis, remis jeudi 2 mars, sur le schéma de cession du numéro deux français de l’édition prévu par sa maison mère Vivendi, a le mérite de dire les choses sans détour. Le groupe espère avec cette vente obtenir le feu vert des autorités de Bruxelles pour contrôler définitivement Lagardère, donc Hachette, le numéro un hexagonal de l’édition.
Tout d’abord, « la cession d’Editis via la mise en Bourse de la majorité de son capital ne correspond pas au schéma souhaité par les salariés du groupe et leurs représentants », affirment les auteurs du rapport, Luc Berard de Malavas et Adrien Signoretto. Deusio : « L’analyse des risques et opportunités liés à ce projet montre que l’opération ne présente aucun avantage majeur pour l’entreprise ou ses salariés. » Voici donc les éventuels repreneurs d’Editis (Plon, Robert Laffont, Julliard, Nil…) prévenus.
Ce message est destiné aux trois candidats encore en lice : le canadien Québecor, le groupe de presse Reworld et le trio composé du milliardaire Daniel Kretinsky (actionnaire indirect du Monde), Stéphane Courbit – qui risque un conflit d’intérêts, puisque Vivendi détient 19,9 % de son groupe coté FL Entertainment – et Pierre-Edouard Stérin, exilé fiscal en Belgique et catholique traditionnel qui a fait fortune grâce aux Smartbox. Le groupe, qui publie ses résultats annuels, mercredi 8 mars, pourrait en profiter pour annoncer le nom du repreneur d’Editis ou des deux candidats sélectionnés avant son choix final.
« Une industrie de temps long »
Les conclusions du rapport devraient aussi interpeller le vendeur. Vivendi veut céder à un actionnaire de référence les 29,6 % que Vincent Bolloré détient dans Editis, tout en cotant cette dernière sur le marché Euronext Growth. Simultanément, il distribuerait des actions Editis à ses propres actionnaires, au prorata de celles qu’ils détiennent déjà. Ce choix d’une « distribution cotation » déjà utilisé pour Universal Music Group éviterait une « sortie de cash » des actionnaires de Vivendi, qui recevraient un dividende sous forme d’actions de la filiale cotée.
Secafi Alpha assure que Vivendi a préféré une cotation sur Euronext Growth et non pas sur Euronext Paris, « principalement pour la possibilité offerte à l’acquéreur de monter jusqu’à 50 % du capital sans avoir à déclencher d’OPA » (contrairement au seuil de 30 % pour Euronext
Paris). Les contraintes législatives sont allégées. Par exemple, la présentation et la validation de la rémunération des dirigeants en assemblée générale ne sont pas nécessaires.
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