« Le Paradis » : un premier long-métrage sur l’évasion par l’amour dans un centre pour mineurs délinquants

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L’AVIS DU « MONDE » − À VOIR

Une histoire simple, filmée naturellement, débarrassée des injonctions, des tabous, des empêchements et des interdits qui accompagnent souvent les rencontres amoureuses homosexuelles. Tel est le parti pris par Zeno Graton pour tracer le récit d’une aventure sentimentale entre deux adolescents dans un centre fermé pour mineurs délinquants. Parti pris qui constitue, à la fois, la principale qualité de ce premier long-métrage et ses limites. A trop occulter les aspérités, Le Paradis tend parfois à rendre lisse tout ce qui l’environne. A commencer par le cadre dans lequel les deux personnages tentent de se dessiner un paysage, une possible échappée.

Quand le film commence Joe, 17 ans (Khalil Gharbia), s’apprête à quitter le centre. Il ne lui reste que quelques semaines à devoir se tenir à carreau, jusqu’à l’approbation du juge. Alors, il sera remis en liberté et soutenu dans sa réinsertion. Les éducateurs ont d’ores et déjà entrepris leur travail d’information. La sortie longtemps attendue, désormais toute proche, laisse entrevoir, au-delà de l’enceinte grillagée, son champ des possibles. Lequel se voit aussitôt remis en question par l’arrivée d’un nouveau pensionnaire, William (Julien de Saint Jean), dont le regard croise celui de Joe sans laisser de place au doute. L’attirance est immédiate, évidente. Elle programme la première étreinte que seules les contraintes du règlement retarderont.

Désir pleinement assumé

Les deux jeunes garçons s’aimeront sans que rien entrave leur désir, pas même le regard des autres. Au contraire. Le tendre sentiment qui les unit diffusera autour d’eux, agira sur le collectif comme une force. Et c’est bel et bien ce désir pleinement assumé et accepté que met en scène le réalisateur dans Le Paradis dont le récit s’applique, sans effet démonstratif, au portrait d’une génération dépourvue d’a priori sur l’orientation sexuelle. L’amour crée dès lors un espace de liberté dont l’effet change la perspective, soumet Joe à d’autres chaînes que celles auxquelles le centre le confrontait, transforme sa sortie imminente en angoisse.

Ce point de basculement s’opère avec la même grâce et la même pudeur que ce qui l’a précédé. L’amour, on l’a compris, devant irradier, répand sa lumière à chaque endroit de ce huis clos carcéral. Au point que ce dernier − adouci par tant de bienveillance − finit par apparaître comme un lieu où il fait quasi bon vivre, un endroit aimable (éducateurs stricts mais compréhensifs, pensionnaires disciplinés et solidaires…), à l’inverse de ce que cherche à suggérer le scénario. Ainsi, soustrait aux contrastes et aux dissonances, le film perd, hélas, de son relief, et, en chemin, un peu de sa puissance.

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