Le Musée de la Résistance et de la déportation de Besançon rouvre ses portes après trois ans de travaux

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Serrées les unes contre les autres, ces prisonnières de Ravensbrück respirent l’épuisement, la bienveillance et la sororité. Des camarades d’infortune, sans visage mais non sans humanité. Ce dessin que la résistante Jeannette L’Herminier a réalisé durant son internement, en 1944, résume le nouveau parti pris du Musée de la Résistance et de la déportation, qui rouvre ses portes, vendredi 8 septembre, à la Citadelle de Besançon, dans le Doubs, après trois ans de fermeture et 5 millions d’euros de travaux : montrer les réseaux de solidarité plutôt qu’une humanité réduite à néant, reconnaître la place des femmes, qui ont représenté 15 % des déportés pour des faits de résistance.

Comment réactiver un passé abject et douloureux, comment mettre en perspective cette histoire qui s’éloigne ? Ces questions, qui préoccupent tous les lieux de mémoire, sont plus aiguës à Besançon par la nature de son public, nombreux (de 50 000 à 70 000 entrées par an) mais guère captif. « A 80 %, les gens viennent à nous par hasard », reconnaît son jeune directeur, Vincent Briand.

Ceux qui en poussent la porte arrivent souvent au terme d’une promenade dans les fortifications de la citadelle de Vauban, après s’être régalés de la vue imprenable sur la ville et des singes qui peuplent les douves. Quant aux scolaires, leur savoir sur la période a tristement décliné. « Les enfants ne font pas toujours la différence visuelle entre Staline et Hitler et certains confondent le maquis et le maki », se désole Vincent Briand.

Fonds de 600 dessins

Pas simple de remettre à niveau les connaissances avec des cartels volontairement économes et un parcours permanent désormais réduit de moitié. Pour embarquer les visiteurs dans le tumulte de l’Europe des années 1930, la muséographie convoque trois balises qui viennent donner chair à l’histoire. En premier lieu, l’ethnologue et résistante Germaine Tillion (1907-2008), dont le précieux fonds d’archives légué au musée est, pour la première fois, dévoilé. Le journal intime pétri de candeur et de révolte d’une adolescente, Jeanne Oudot (1923-2021), vient rappeler que la collaboration n’a pas été soutenue par l’immense majorité de la population, même si seule une infime partie a choisi la voie de la résistance et de la clandestinité. L’histoire d’Henri Fertet, un jeune résistant bisontin, né en 1926 et condamné à mort en 1943, relie enfin le musée avec le site de la Citadelle, où 100 hommes furent fusillés entre 1941 et 1944.

De ces résistants aujourd’hui disparus, il reste des petits bouts d’histoire arrachés à l’oubli. Ici, un petit cœur en bakélite cousu au revers de la robe que portait la résistante Marguerite Socié au camp de Ravensbrück. Là, une robe de mariée qu’Andrée Pourcelot a taillée en 1946 dans la toile de parachute de son précédent fiancé tué deux ans plus tôt.

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