« Le Cours de la vie » : une passion dévorante pour le cinéma

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L’AVIS DU « MONDE » − À VOIR

Retour aux manettes de Frédéric Sojcher. A ses états de service, une carrière d’enseignant de cinéma au long cours à la Sorbonne à Paris, des livres sur le septième art à foison, une nuée de films courts, cinq longs-métrages enfin, parmi lesquels un inoubliable documentaire sur la flibuste cinématographique belge (Cinéastes à tout prix, 2004).

Le Cours de la vie, dernière fiction en date, tourne de nouveau autour de ce que l’on aura compris être sa dévorante passion, le cinéma, milieu dans lequel il n’aime rien tant que de disposer intrigues et personnages pour exprimer son amour de cet art, en tant que forme plus satisfaisante de la vie. Qui pourrait lui donner tort ?

Ici, Noémie (Agnès Jaoui), scénariste capée, vient à Toulouse donner une masterclass sur son art, invitée par Vincent (Jonathan Zaccaï), directeur d’une prestigieuse école de cinéma. Rien que de très banal, à ceci près qu’une trentaine d’années plus tôt Noémie et Vincent ont partagé de l’amour, avant que l’une, au hasard d’une rencontre, ne s’éloigne de l’autre, qui ne s’en remit sans doute jamais.

Voilà qui, sans doute, change la donne. Venant l’écouter – lui qui se trouve en pleine séparation d’avec sa femme – ne revit-il pas douloureusement un départ inopiné et inexpliqué qu’il n’a, au fond, jamais compris, peut-être jamais accepté ? Enseignant le scénario à sa classe, n’est-elle pas tentée, à son tour, de faire jusque dans la manière allusive de ses réponses une sorte de point sur ce qui, à l’époque, s’est au juste passé ?

Jeu subtil

Mêlé à des considérations pédagogiques sur cette recréation de la vie qu’est le scénario, soudain amplifié par la légende du cinéma (Paul Schrader qui écrit le scénario de Taxi Driver parce que sa copine l’a quitté), ce jeu subtil qui en passe par la scène publique dure ce qu’il dure, avant que, nécessairement, la question n’affleure plus directement lors de leurs retrouvailles intimes. Le réel s’y avère non moins romanesque que la fiction, mais sans doute plus difficile à gérer, pour ne pas dire à digérer.

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Agnès Jaoui et Jonathan Zaccaï y sont justes et émouvants, cœur battant d’un récit que le réalisateur tente plus laborieusement d’étoffer en renforçant, parmi les étudiants ou les personnages secondaires, telle ou telle silhouette, sans toutefois pouvoir lui conférer l’envergure d’un personnage à part entière, organiquement impliqué dans la douceur mélancolique qui gouverne cette œuvre.

Film français de Frédéric Sojcher. Avec Agnès Jaoui, Jonathan Zaccaï (1 h 30).

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