Le chanteur Ismaïla Touré, cofondateur du groupe sénégalais Touré Kunda, est mort

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Le chanteur sénégalais Ismaïla Touré, cofondateur avec son frère Sixu Tidiane du groupe Touré Kunda (« la famille éléphant » en soninké), créé à Paris à la fin des années 1970, est mort à Paris, lundi 27 février, des suites d’une longue maladie.

Né le 24 avril 1950, à Ziguinchor, en Casamance, dans le sud du Sénégal, il avait 72 ans. Groupe phare des musiques africaines émergeant en France au tournant des années 1970-1980, pionniers à Paris de ce concept aux contours flous dénommé alors « world music », plusieurs fois « disque d’or », Touré Kunda va conquérir l’Europe et se faire un nom jusqu’au Japon. Issus d’une famille de Soninkés (groupe ethnique d’Afrique de l’Ouest présent essentiellement au Mali et au Sénégal) installée en Casamance, les frères Touré grandissent à Santhiaba, quartier populaire de Ziguinchor, chef-lieu de la région.

Après la mort de leur père cordonnier, en 1956, Ismaïla et Sixu Tidiane Touré (6 ans tous les deux) font leurs premiers pas « artistiques » dans une troupe théâtrale, La Fraternelle, puis intègrent le groupe Esperanza Jazz de Ziguinchor, où Amadou, leur frère aîné, chante et entreprend de les former. Au répertoire, défilent des standards de la variété française ou américaine et quelques succès afro-cubains, puis, sous l’impulsion d’Amadou, le groupe s’oriente vers la valorisation du folklore casamançais.

Une fusion afro-pop

Leur rêve commun d’une carrière dans la musique pousse Ismaïla à s’envoler le premier vers la France. En 1975, il débarque à Paris, s’inscrit à l’université (étudiant en anglais à la faculté de Vincennes), joue dans les foyers d’immigrés, fait des séances de studio, se joint au groupe de fusion afro-rock West African Cosmos (WAC) dans lequel officie son compatriote Wasis Diop, et compose des jingles pour les supermarchés. Sixu Tidiane le rejoint en 1977.

Les deux frères créent leur propre formation, Ismaïla Do Sixu Touré (connue aussi sous le nom des Frères Griots) et inventent leur signature musicale, une fusion afro-pop s’inspirant, entre autres, du diambadong (« la danse des feuilles » en soninké), une musique traditionnelle de Casamance. Le public parisien les découvre en 1978 à l’hippodrome de Pantin, au cours du festival Africa Fête, créé par un ouvrier travailleur immigré devenu producteur de musique militant, Mamadou Konté (Malien naturalisé Sénégalais, mort en 2007 à Dakar). Le duo enregistre Mandinka Dong, un album autoproduit en 1979, qu’ils publient sous le nom d’Ismaïla Do Sixu. Il contient M’Ma, un morceau rebaptisé E’mma qui deviendra leur titre fétiche.

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