Le centre d’arts plastiques contemporains de Bordeaux, le phare ouest de l’art

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Les kilomètres de cordages bleu de cobalt suspendus entre les arches évoquent l’époque où des ballots de café et de vanille venus du monde entier étaient déchargés dans la grande halle. Une bande sonore plonge dans une ambiance marine, écho aux bateaux en provenance des Antilles qui remontaient la Garonne au temps du commerce triangulaire.

« J’ai vu un brouillard bleu, dans une ambiance humide, entre transparence et opacité », explique l’artiste Kapwani Kiwanga pour définir sa première impression de la ville de Bordeaux. Cette vision est aussi un bon résumé de l’histoire du musée où la plasticienne canadienne aux lointaines racines tanzaniennes expose : le CAPC, le Centre d’arts plastiques contemporains, situé depuis un demi-siècle dans l’ancien entrepôt Lainé, qui jouxte le fleuve.

L’œuvre, baptisée Retenue, créée spécifiquement pour ce lieu, a été installée dans le cadre de l’anniversaire des 50 ans du musée, qui sera fêté le week-end du 23 septembre. Les autorités locales, le maire écologiste Pierre Hurmic en tête, seront présentes, et le monde de la culture se précipitera à Bordeaux, à deux heures de Paris en TGV. Aux débuts du CAPC, il en fallait cinq, dans des trains à bout de souffle. Mais cela n’arrêtait personne. Le CAPC attirait toute la France, et bien au-delà. Une aventure muséale à nulle autre égale dans le pays. Sur la Garonne, il y a un avant et un après-CAPC.

Chaque vernissage était une performance

L’architecte bordelais Olivier Brochet mesure sa chance d’avoir eu 20 ans à Bordeaux dans les années 1980 : « Bordeaux a cessé d’être une ville bourgeoise de province. Ce n’était pas qu’un musée génial. Un bus aménagé, l’Artbus, se baladait dans les écoles, et Arc en rêve, un centre d’architecture exceptionnel, s’était installé dans l’Entrepôt… » Depuis 1973, des générations de Bordelais doivent au CAPC de savoir reconnaître un dessin de l’artiste conceptuel américain Sol LeWitt. Les plus anciens se souviennent de grands moments.

Journaliste et critique d’art, Didier Arnaudet a assisté à tous les vernissages et a conservé chaque catalogue, carton d’invitation ou menu. Il est capable, par exemple, de retracer la journée du 16 mai 1991, jour d’inauguration d’une installation de Daniel Buren : 120 rayures de peinture rouge étalées dans la nef. Un menu assorti était servi aux 120 convives : rouget, agneau de Pauillac saignant, glace à la fraise et excellents millésimes de bordeaux rouge, le tout sur des nappes blanches. Chaque vernissage était une performance.

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