Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre : le Théâtre du Rond-Point a fait peau neuve pendant l’été, sous la conduite de ses nouveaux directeurs, Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel. Nommés le 2 janvier à la tête de ce lieu emblématique du quartier des Champs-Elysées, dirigé pendant vingt et un ans par Jean-Michel Ribes, ils lancent leur première saison avec One Song, formidable ovni théâtral signé par la metteuse en scène belge Miet Warlop. Et racontent les grandes lignes de leur projet.
Que représentait pour vous le Théâtre du Rond-Point ?
Laurence de Magalhaes : Nous étions proches de Jean-Michel Ribes, et la vision que l’on a du Rond-Point est liée à ce qu’il en a fait. Nous sommes arrivés dans le jeu théâtral parisien en 2009, pour diriger le Monfort Théâtre. On était huit ans après l’élection de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris, un moment où il y avait une dynamique assez incroyable. La gauche avait accédé au pouvoir avec un projet culturel ambitieux. Le Rond-Point était en plein essor. Nous étions admiratifs : il en a fait un lieu extrêmement vivant, qui compte dans la géographie théâtrale parisienne.
Quel outil avez-vous trouvé en arrivant ?
Stéphane Ricordel : Jean-Michel Ribes laisse une maison avec des fondations très solides. On voit à de multiples détails, l’état du matériel notamment, qu’elle a été parfaitement entretenue. Et elle est forte d’un personnel qui aime profondément ce théâtre, qui est plus que partant pour un nouveau projet et n’attend qu’une nouvelle énergie pour aller encore plus loin, encore plus fort.
Quels changements allez-vous apporter ?
L. de M. : Nous n’allons pas tout réinventer, mais nous allons imprimer notre patte, avec notre personnalité. La ligne artistique va changer sensiblement. Le « rire de résistance » qui structurait le projet de Jean-Michel Ribes, ce n’est pas notre histoire. Il y aura donc moins d’humoristes, de one-man-shows. Ce qui fait partie de notre ADN, en revanche, c’est l’interdisciplinarité : la programmation mêlera théâtre, cirque, danse et musique. Nous allons aussi proposer beaucoup plus de spectacles jeune public ou à voir en famille. Nous avons également un gros désir de spectacles de troupe, qui se raréfient en France, pour des raisons financières. Et la proportion d’artistes étrangers sera plus importante.
Vous faites le choix d’une programmation axée sur la création contemporaine, avec moins de vedettes, dans un théâtre qui compte trois salles, dont la grande propose 750 places. N’est-ce pas un peu risqué ?
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