S’il a marqué l’histoire de la musique à jamais, Paul McCartney, 81 ans, a toujours un regret : avoir perdu en route sa toute première guitare basse, un modèle 500/1 de chez Höfner. Disparu officiellement en 1969, alors que les Beatles se séparaient, l’instrument de légende est devenu une sorte de Graal pop.
Jusqu’à ce 2 septembre et le lancement de l’opération The Lost Bass destinée à recueillir tout renseignement permettant de localiser le fameux instrument à l’aide d’un site web, d’un hashtag #tracingthebass (« à la recherche de la basse ») et d’une campagne de presse internationale.
Pourquoi cette initiative, cinquante-quatre ans après les faits ? Nick Wass, conseiller et ex-directeur marketing du luthier allemand Höfner raconte : « Il y a quelques années, je me suis rendu au studio de Paul dans le Sussex, en Angleterre, pour travailler sur ses instruments. Il m’a demandé : “Tu ne sais pas où est passée ma première basse ?” J’ai senti combien c’était sentimental pour lui. Alors j’ai commencé à mener des recherches – mais l’instrument pouvait être n’importe où dans le monde… Je me suis associé avec Scott et Naomi Jones [ex-journalistes anglais, notamment pour la BBC], qui ont de nombreux contacts. Et voilà. »
Ses courbes évoquent un violon
Si le multi-instrumentiste (il jouait aussi du piano) n’a jamais oublié sa Höfner 500/1, c’est qu’elle représente tout un pan de sa vie, et non des moindres. Au tout début des Beatles, Paul McCartney occupe la place de guitariste, tandis qu’un certain Stuart Sutcliffe tient la basse. Quand celui-ci quitte le groupe, en 1961, Paul McCartney le remplace et récupère son instrument.
Mais, lors d’un séjour avec ses trois acolytes à Hambourg, en Allemagne, il trouve une semi-acoustique nuance brunette (le modèle existe aussi en blond), étonnamment légère. Ses courbes, symétriques, évoquent un violon et permettent à un gaucher comme Paul de pouvoir jouer, précise Nick Wass.
La petite allemande a aussi le mérite d’être abordable (l’équivalent de 30 livres sterling à l’époque), contrairement aux américaines, lourdes et chères. « Dès que je l’ai achetée, j’en suis tombé amoureux », se souvient Paul McCartney dans Les Beatles. L’histoire du groupe au jour le jour (Hors Collection, 2000), de Barry Miles. De 1961 à 1963, l’artiste et sa basse forgent le son, mais aussi la légende des Beatles : avec elle, il va enregistrer Please Please Me et With the Beatles (1963), les deux premiers albums du groupe, et composer She Loves You et Love Me Do, où l’on entend bien son timbre sourd, « comme le bruit d’un poing qui tape sur une vieille armoire », décrit Nick Wass.
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