La troisième saison de la série Parlement, tournée fin 2022 à Strasbourg, sera diffusée prochainement. En deux saisons et vingt épisodes, la fiction satirique sur l’Europe, de Noé Debré, a cumulé cinq millions de vues depuis son lancement en mai 2020 sur la plate-forme en ligne de France Télévisions. Une très bonne audience pour une série dont les intrigues comiques prennent appui sur les rouages des institutions européennes. Et même un exploit, quand on sait que leurs élections n’attirent vers les urnes qu’un électeur français sur deux.
Qu’en pensent les jeunes intéressés par les affaires européennes ? Pour le savoir, Le Monde a réuni quatre étudiants de première année à Sciences Po Strasbourg, dans l’un des salons de travail de l’école, pendant leur pause déjeuner. Ce débat a eu lieu pour La Nuit de l’Europe, organisée le 13 mai, par cet Institut d’études politiques (IEP) en partenariat avec Le Monde. Anciens lycéens de Paris ou de Lille, Justine Beauvalet, 19 ans, Romain Chateau, 19 ans, Joseph Guilbert, 18 ans, et Clélia Ozoux, 19 ans, ont choisi « cet IEP-là, et pas un autre » par intérêt pour les questions européennes. Ils participent d’ailleurs chaque semaine aux événements organisés au sein de l’école par l’association étudiante Voix d’Europe. De fait, aucun d’entre eux n’a raté la série Parlement.
Un « guignol à la française »
Sur une échelle qui va de « pourquoi pas » à « carrément », ils se verraient bien assistants ou assistantes parlementaires. Comme Samy Cantor, le personnage de la série, interprété par Xavier Lacaille ? Pas vraiment ! Le consensus se fait rapidement autour du personnage de Rose Pilkington, assistante parlementaire anglaise dans la saison 1, jouée par Liz Kingsman. Elle est jugée unanimement « sérieuse et compétente », là où Samy Cantor est qualifié de « guignol à la française » par Joseph Guilbert. Dans un éclat de rire, l’expression emporte l’adhésion du groupe d’étudiants, qui reconnaît le talent des auteurs de la série pour « surfer sur tous les stéréotypes nationaux ».
Une même scène les a d’ailleurs tous marqués : le monologue de quatre minutes de l’eurodéputée allemande Ingeborg Becker, face au miroir des toilettes. « Saison 1, épisode 9 », précise Clélia Ozoux. Les étudiants se remémorent les insultes qu’elle adresse alors à l’Europe et ses citoyens. Elle commence par railler « les Français et leurs rêves de grandeur pour l’Europe ». Elle éructe : « Votre pays est un immense bordel et vous nous dites comment gérer les choses. » Elle enchaîne avec « les Britanniques et le sentiment que tout leur est dû ». L’eurodéputée allemande n’épargne ni les pays du Nord, ni le bloc de l’Est, ni le Luxembourg, « paradis fiscal sans soleil ni plage », ni « les Italiens et leurs expérimentations politiques du fascisme », ni son propre pays, évoquant « l’Allemagne et son ton paternaliste ». « On ne peut pas s’empêcher de diriger le continent », ironise-t-elle.
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