La mort de Marie-Claire Pasquier, traductrice et spécialiste de littérature américaine

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Longtemps professeure de littérature nord-américaine et traductrice engagée dans les adaptations théâtrales, Marie-Claire Pasquier est morte à Paris le 29 août, à l’âge de 90 ans.

Lorsque Marie-Claire Pasquier naît dans la même ville le 7 juillet 1933, sa famille est en deuil, le grand-père de sa mère, Lucile, le président Paul Doumer, ayant été assassiné le 6 mai 1932, moins d’un an après son entrée à l’Elysée. Si son bisaïeul était issu d’un milieu modeste, l’enfant grandit au sein d’une famille bourgeoise, traditionnelle et cultivée. Pendant la guerre, elle gagne un temps Vendôme (Loir-et-Cher), avant de retrouver Paris et le 7e arrondissement – elle entre au lycée Victor-Duruy en 1943, où elle fera toute sa scolarité secondaire. Si elle entreprend une hypokhâgne au lycée Fénelon, elle effectue surtout alors son premier séjour en Angleterre, un an en internat, expérience détestable mais qui lui assure un excellent niveau de langue.

Quand Marcel Pasquier meurt, en 1950, sa veuve se remarie avec le frère aîné du défunt, Jean Pasquier, agrégé de lettres classiques, alors chargé de l’Institut français de Naples, où il invita André Gide à prononcer sa dernière « causerie ». Quand la famille part pour l’Italie, Marie-Claire reste à Paris pour suivre ses études en Sorbonne. Une licence d’anglais, puis le diplôme d’études supérieures (1954) alors requis pour présenter l’agrégation – qu’elle décroche en 1958. Mais bientôt une bourse de voyage Fulbright et une bourse Smith-Mundt du gouvernement des Etats-Unis lui permettent de passer un an et demi à l’université Cornell (Etat de New York), où elle reçoit son Master of Arts en juin 1955. Elle décide alors de rester quelque temps outre-Atlantique, se fait représentante pour une agence de photographie et sillonne les Etats de l’Ouest. Cette expérience exceptionnelle scelle son amour pour le pays.

Cap sur l’Algérie

Revenue en France, elle met le cap sur l’Algérie en guerre, son premier poste de stagiaire agrégée la conduisant au lycée de jeunes filles de Kouba, près d’Alger (1958-1961). Une nouvelle période de découverte, turbulente, où elle se lie à des soldats du contingent, des sympathisants de la cause algérienne, les philosophes Solange Mercier-Josa (1931-2015) et Jacques Derrida (1930-2004), qui vient d’épouser son amie la psychanalyste Marguerite Aucouturier (1932-2020) et s’apprête à rentrer en Europe, la lycéenne Leïla Sebbar, qui restera une amie très proche. Comme le photographe et réalisateur Chris Marker (1921-2012) qu’elle rencontre alors.

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