C’est le succès le plus improbable du box-office américain en 2023. Sorti le 4 juillet dans une combinaison relativement modeste de 1 500 salles, Sound of Freedom, d’Alejandro Gómez Monteverde (qui sort en France le 15 novembre), a accumulé 185 millions de dollars de recettes pour un budget de production à peine supérieur à 14 millions. Sound of Freedom est inspiré de l’histoire vraie de Tim Ballard, fondateur d’Operation Underground Railroad, une organisation qui lutte contre le trafic d’enfants.
Son distributeur, basé dans l’Utah, Angel Studios, qui s’appuie sur le crowdfunding pour financer ses films et séries télévisées essentiellement à contenu religieux, n’en est pas à son coup d’essai : cette année, le film de David Helling mettant en scène le sacrifice d’Isaac, a rapporté 12 millions de dollars, pour une mise de départ inférieure à 500 000 dollars. Pour Sound of Freedom, Angel Studios a attiré 7 000 investisseurs qui ont apporté 5 millions de dollars et mis au point un système baptisé « Pay It Forward », grâce auquel les spectateurs peuvent acheter des billets de cinéma à l’intention de ceux qui n’ont pas les moyens de se les offrir.
La sortie du film aux Etats-Unis s’est accompagnée d’une succession de polémiques et de plusieurs critiques, en particulier du magazine Rolling Stone, pointant un lien supposé entre le film et les théories prônées par QAnon, le mouvement conspirationniste d’extrême droite obsédé la pédophilie supposée des milieux financiers, médiatiques ou démocrates. Une thèse qui n’est pas abordée dans le film d’Alejandro Gómez Monteverde. Les déclarations de la vedette du film, Jim Caviezel, qui incarne Tim Ballard et a été le Jésus de La Passion du Christ (2004) de Mel Gibson, ont quant à elles attisé les esprits.
Interrogé à l’occasion de la promotion de Sound of Freedom sur le podcast de Steve Bannon, ancien conseiller stratégique de Donald Trump proche de l’extrême droite, l’acteur a évoqué un mystérieux orage sur le point de se lever, et parlé de l’adrénochrome, une hormone cultivée par les élites à partir des organes d’enfants kidnappés, selon les partisans de QAnon. « Jim Caviezel n’a pas écrit ce film, ne l’a ni produit ni réalisé. Il est un employé, rappelle aujourd’hui Alejandro Gómez Monteverde. Il peut ensuite raconter ce qu’il veut, ce n’est plus mon problème. Seulement, c’est clair, les positions de cet acteur n’ont pas fait de bien au film. »
Un réseau resserré dans le monde catholique
En France, c’est la société Saje Distribution, fondée en 2012, spécialisée dans ce que les Américains appellent les « faith based movies », ces films basés sur la foi, qui est chargée du destin du film. Elle est dirigée par Hubert de Torcy. Diplômé de HEC, ce dernier désirait depuis toujours travailler dans le cinéma, après avoir commencé sa carrière dans l’industrie automobile. « Aucune porte ne s’est ouverte », déplore-t-il. Il a, du coup, tracé sa propre voie.
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