L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Quelques grammes d’espoir au milieu des ruines : En toute liberté, une radio pour la paix, de Xavier de Lauzanne, suit le quotidien de la radio indépendante et multiconfessionnelle Al-Salam, créée en 2015, à Erbil, en Irak, au lendemain de l’occupation de la ville de Mossoul par Daech, en juin 2014. Le documentaire est le second volet d’une trilogie du réalisateur sur la reconstruction du lien social en Irak et en Syrie, après 9 jours à Raqqa (2021), portrait de Leila Mustapha, jeune femme kurde et ingénieure en génie civil, devenue la maire de Rakka en 2017 – quand la ville, capitale autoproclamée de l’organisation Etat islamique, a été libérée par les Forces démocratiques syriennes.
Tourné caméra à l’épaule, le film vaut comme témoignage, avec la voix off de la chroniqueuse et comédienne Sophia Aram, et donne quelques raisons d’espérer sur la capacité du peuple irakien de vivre ensemble. Afin de donner la parole à toutes les communautés dispersées entre les différents camps, Radio Al-Salam a recruté sept journalistes, des hommes et des femmes kurdes et arabes, de confession musulmane, chrétienne et yézidie – ils s’expriment à l’antenne en trois langues, le kurde, l’assyrien et surtout l’arabe.
Un road-movie engagé
Le film dresse le portrait de ces gens de la radio, engagés, et devient aussi un road-movie lorsque les mêmes reporters partent à la rencontre de témoins : ici un réfugié dans le camp de Qushtapa (région d’Erbil), là des jeunes filles orphelines, un rescapé de la torture, un coiffeur rêvant d’une carrière dans la chanson… Tous sont interrogés sur le « vivre-ensemble », leitmotiv de la radio.
Ce sont les partis politiques – et certains médias, sous leur coupe – qui créent le communautarisme, attisent le racisme, et non le peuple, disent les témoins en substance. Ils veulent croire à une pacification, comme cet homme âgé de la cinquantaine, musulman, qui avait quitté sa maison de la vieille ville de Mossoul, puis a fait le choix d’y revenir et de la faire reconstruire. Son habitation, aux murs désormais pimpants, est la seule tâche de couleur au milieu de cet ancien quartier mixte, détruit. Les chrétiens, autrefois majoritaires, ont disparu, raconte-t-il, ne restent que leurs maisons et boutiques. « Mossoul appartient à tous », dit-il.
Documentaire français de Xavier de Lauzanne. Avec la voix de Sophia Aram (1 h 30). www.latelierdistribution.fr