Des Victoires de la musique classique sous le signe de la jeunesse

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La 30e édition des Victoires de la musique classique s’est ouverte, mercredi 1er mars, à l’auditorium de Dijon (Côte-d’Or), aux accents de la danse des « Sauvages », tirée de l’opéra Les Indes galantes (1735), de Jean-Philippe Rameau. Le choix de ce morceau festif pour accompagner le lever de rideau d’une soirée de couronnement n’était pas sans évoquer la reconversion du Te Deum (1692), de Marc-Antoine Charpentier, en hymne de l’Eurovision, il y a tout juste soixante-dix ans. Mais la cérémonie ne fut diffusée en direct que par des antennes nationales, France 3 pour la télévision et France Musique pour la radio, avec, à la baguette, deux maîtres de l’animation souriante : Stéphane Bern et Clément Rochefort. Les deux compères ont bien assuré leur rôle et la distribution des prix n’a pas paru trop longue.

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Après cette révérence à Rameau justifiée tant par la solennité de l’événement (avec tambours et paillettes) que par l’adéquation au lieu (le compositeur des « Sauvages » est né à Dijon), c’est vers un autre génie baroque, Antonio Vivaldi, qu’on se tournait pour donner le coup d’envoi de ces Olympiades auxquelles s’apparente le programme musical des Victoires, avec des morceaux exécutés sur des temps toujours élevés. Conformément à cette tradition, l’Ensemble Matheus placé sous la direction de Jean-Christophe Spinosi offrait, avec l’ouverture de l’opéra L’Olimpiade (1733-1734), un condensé de l’effervescence, technique et psychologique, appelée à régner sur le plateau jusqu’à tard, pour le meilleur (un air poignant de Haendel par la mezzo-soprano Lea Desandre) et pour le pire (une valse musette de Tony Murena saccagée par le violoniste Nemanja Radulovic).

Si l’Orchestre Dijon-Bourgogne, dirigé avec conviction par Débora Waldman, n’a jamais fait de fausses notes, il n’en a pas été de même pour la proclamation des résultats. Ainsi l’écrivain Yann Queffélec communiquant au public un nom qui ne figurait pas parmi les trois annoncés juste avant à grand renfort de décibels… Bertrand Chamayou ne s’en est pas ému et, encore essoufflé par son interprétation de la Toccata, de Maurice Ravel, il est remonté sur scène pour recevoir la Victoire (sa cinquième) de l’« artiste instrumental ». Fidèle mais imaginatif, le pianiste met son talent au service des maîtres du passé comme des créateurs d’aujourd’hui (de Helmut Lachenmann à Yann Robin). En témoigne un disque fabuleux consacré en 2022 aux Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus, d’Olivier Messiaen, avec quelques « bonus » signés par des contemporains, un CD qui aurait pu lui valoir une deuxième Victoire 2023. C’est néanmoins l’enregistrement de la Passion selon saint Matthieu, de Bach, par l’ensemble Pygmalion (pour le label Harmonia Mundi) qui a reçu la distinction.

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