W9 − DIMANCHE 21 MAI À 21 H 05 − FILM
Les films catastrophe sont passés de mode. Le temps où les spectateurs étaient prêts à trembler par millions pour un avion gros-porteur, un navire de croisière ou un gratte-ciel en flammes est passé depuis bientôt quarante ans. Les catastrophes, elles, n’ont pas renoncé, attendant leur heure pour retrouver le chemin des écrans. Celui-ci passe par la pandémie de films « inspirés de faits réels ».
Quoi de plus réel qu’une éruption, un séisme, une tempête ? Le producteur Lorenzo di Bonaventura a mobilisé les ressources nécessaires à la recréation de la catastrophe qui détruisit, dans le golfe du Mexique, le 20 avril 2010, la plus grande plate-forme pétrolière jamais construite, Deepwater Horizon, faisant onze morts et provoquant une gigantesque marée noire.
Le scepticisme que pouvait inspirer l’entreprise se dissipe au fil d’un récit d’une clarté pédagogique exemplaire. Cette apocalypse instantanée fait un excellent thriller. C’est aussi un reflet terrifiant de la folie humaine.
Ce que montre Peter Berg, c’est l’insensée témérité de ces humains qui vont faire des trous au fond de la mer dans des réservoirs gigantesques prêts à éclater, avec la certitude que leur technologie ne faillira jamais et que, en cas de pépin, ils seront plus malins et plus forts que les éléments. L’incarnation de cette hubris incombe ici à John Malkovich, qui tient le rôle de Donald Vidrine, le cadre de British Petroleum qui préféra se passer de quelques vérifications supplémentaires plutôt que de retarder un autre chantier.
Supériorité des décors réels
Le scénario de Matthew Sand et Matthew Michael Carnahan détaille l’enchaînement de ces décisions, mais aussi l’état de délabrement de la plate-forme. La première partie de Deepwater ressemble ainsi à un documentaire d’entreprise, qui aurait été réalisé par un écologiste parfaitement au fait des pratiques de la compagnie pétrolière. Comme il est, en plus, égayé par la présence de stars manifestement convaincues de faire œuvre utile, on arrive sans encombre à l’heure fatidique.
La supériorité des décors réels sur les images numériques se manifeste dans toute sa gloire. Deepwater renoue avec la tradition des films catastrophe avec un brio terrifiant. Alors qu’ils n’occupent qu’une petite fraction du film, ces instants infernaux semblent s’étirer. On en retient, entre autres, ces plans qui montrent un oiseau couvert de pétrole se fracassant sur les hublots d’un navire venu à la rescousse.
Cette catastrophe-là, celle que joue Mark Wahlberg – il incarne Mike Williams, ingénieur sur Deepwater Horizon –, a été filmée pour ébahir, mais elle est racontée avec suffisamment d’intégrité pour que l’on soit forcé de revenir à la vraie catastrophe, celle qui a tué onze travailleurs de la plate-forme, détruit les fonds marins et les côtes, et à l’inextinguible cupidité qui est à son origine.
Deepwater, film de Peter Berg (EU, 2016, 107 min). Avec Mark Wahlberg, Kurt Russell, Kate Hudson.