Après Luc Besson et Roman Polanski, qui ont présenté leur nouveau film à Venise – DogMan pour Besson, en lice pour le Lion d’or, et The Palace pour Polanski, hors compétition – Woody Allen a dévoilé son cinquantième long-métrage, Coup de chance, lundi 4 septembre, hors compétition également. La présence à la Mostra des trois cinéastes, lesquels font l’objet d’accusations de viols ou d’agressions sexuelles, a déclenché la colère des féministes, nous y reviendrons – en ce qui concerne Woody Allen, il s’agit d’accusations d’agression sexuelle portées par Dylan Farrow, qu’il a adoptée, enfant, avec son ancienne femme Mia Farrow.
Lundi soir, le cinéaste âgé de 87 ans est arrivé dans la prestigieuse Sala Grande – l’équivalent du Palais des festivals de Cannes –, accompagné du patron de la Mostra, Alberto Barbera, qui l’a guidé jusqu’à son siège. On a bien entendu quelques « ouh » dans l’assistance, mais les applaudissements ont pris le dessus.
La projection en première mondiale de Coup de chance a tout de même été parasitée par les déclarations de Woody Allen, le jour même, dans le quotidien espagnol El Mundo : interrogé à Venise, à propos du baiser forcé que le président de la fédération nationale de football, Luis Rubiales, a donné à la joueuse Jennifer Hermoso (numéro 10), ce qui lui a valu d’être suspendu par la FIFA, le réalisateur d’Annie Hall (1977) a répondu qu’il est « difficile d’imaginer qu’une personne puisse perdre son travail pour un baiser en public » : « Embrasser cette footballeuse était une erreur, mais il n’a pas brûlé une école (…). Il ne l’a pas violée, c’était juste un baiser avec une amie. Quel mal y a-t-il à cela ? », a réagi Woody Allen.
Un Paris de carte postale
Venons-en au film, qui n’est pas fameux. Coup de chance, qui sortira en France mercredi 27 septembre, commence comme une laborieuse pièce de boulevard. Fanny (Lou de Laâge) et Jean (Melvil Poupaud) s’aiment, gagnent bien leur vie, et leur immense appartement est impeccablement tenu par une domestique en tablier blanc. L’automne arrive à Paris et l’on n’avait jamais vu autant de feuilles mortes sur les allées piétonnes : un vrai tapis couleur caramel, raccord avec la chevelure cuivrée de Lou de Laâge – les teintes sont ainsi rehaussées tout au long du film. Un jour, en bas des Champs-Elysées, Fanny croise un ancien copain, Alain (Niels Schneider), devenu écrivain. Ils discutent un bon bout de temps et décident de se revoir…
Coup de foudre avenue Montaigne : Alain était déjà mordu de Fanny au lycée, et ses sentiments sont toujours là. Fanny a une vie bien rangée, elle travaille dans le marché de l’art et semble attachée à son mari quinquagénaire qui la comble de cadeaux. Mais elle tombe sous le charme d’Alain et de sa vie bohème. Comme il se doit, le romancier vit dans un appartement sous les toits, dans un Paris de carte postale qui fait penser à la série Emily in Paris. Et il a le chic pour prononcer des phrases définitives sur le hasard et le miracle de la vie.
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