Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, retour dans les années 1980 et 1990 avec la réédition en vinyle du tout dernier disque de Lounès Matoub, sorti l’année de sa mort, et la redécouverte d’artistes camerounais et nigérian par des labels spécialisés.
« Yehwa-yam (Tu as raison) », de Lounès Matoub
Le 25 juin 1998, le chanteur algérien Lounès Matoub était assassiné à l’âge de 42 ans en Kabylie. Grand défenseur de la cause berbère et pourfendeur des militaires comme des islamistes en lutte pendant la « décennie noire », le musicien et poète laissera derrière lui un dernier album, Lettre ouverte aux…, incluant notamment une parodie de l’hymne national.
Pour célébrer les vingt-cinq ans de sa disparition, le label français Elmir Records a réédité pour la première fois en vinyle, fin juin, cet ultime opus de celui qu’on surnommait « le rebelle ». Les deux disques, comprenant en tout onze morceaux, sont accompagnés d’un livret de 28 pages contenant des éléments biographiques, la retranscription des poèmes, des photos d’archives et des fac-similés.
« Exode rural », de Gibraltar Drakus
C’est le décès à l’âge de 28 ans d’un autre musicien, Théodore « Zanzibar » Epeme, en 1988, qui est à l’origine du premier album du Camerounais Bernard Nkodo Owona, alias « Gibraltar Drakus ». Tous deux faisaient partie des Têtes brûlées, un groupe de bikutsi qui marqua son époque et rencontra un succès international lors d’une tournée européenne en 1987 : le premier comme guitariste, le second, benjamin de la formation, d’abord comme chanteur avant d’apprendre l’instrument de son mentor.
« C’est Zanzibar qui m’a appris à composer une chanson », affirme Gibraltar Drakus, qui sortira en 1989 son Hommage à Zanzibar, un disque de quatre titres réédité mi-août en vinyle, CD, K7 et numérique par le label américain Awesome Tapes from Africa.
« Sojourn (Ajo) », d’Ayo Manuel
Prince de la débrouille, le Nigérian Ayo Manuel pense que « tout le monde a en lui une chanson » et que « si on y met du sien, on peut tout accomplir ». Lui a commencé comme graphiste pour un label de Lagos, ce qui lui a permis de nouer des contacts afin de réaliser son rêve : sortir son propre album.
A partir de 1980, dès qu’il a des sous de côté, il engage des musiciens et file en studio pour enregistrer un morceau. Au bout de trois ans, Love Candidate est prêt, il en presse 1 000 exemplaires et démarche magasins et radios. En 1986, il part à San Francisco, où il produira son second opus, Party Zone. Fin juillet, le label britannique Soundway Records a réédité en vinyle, sous le titre 1983-90, six pépites afrodisco issues de ces deux disques.
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