Ces stylistes qui rhabillent le rap français : « On peut m’appeler le dimanche soir et me demander 19 looks à sortir pour le mardi »

0
14

Sur les traces de leurs homologues américains, les rappeurs français voient leurs relations avec les maisons de mode s’intensifier. Pour accompagner le mouvement, ils sont de plus en plus nombreux à solliciter des stylistes personnels. Un nouveau métier, porté ici par une petite quinzaine de personnes, qui oscille entre succès retentissants et tâches ingrates. « Chaque jour, je me lève vers 5 heures du matin pour gérer les mails, organiser mon planning, faire des factures. Ensuite, vers 10 heures, le travail peut réellement commencer, notamment par la tournée des showrooms et bureaux de presse pour repérer les vêtements », rapporte la styliste Axelle Gomila.

Désormais épaulée par une assistante, la directrice de l’image du rappeur SCH est considérée comme l’une des pionnières dans ce métier qui consiste à construire et à développer l’image des « stars » du genre musical le plus écouté de France. « On peut m’appeler le dimanche soir et me demander 19 looks à sortir pour le mardi », témoigne Clélia Cazals, qui habille notamment les membres du groupe 4Keus. Cette situation reste exceptionnelle, mais comme d’autres de ses consœurs – le métier est en écrasante majorité féminin –, elle n’a pas de journée type et effectue la plupart du temps ses missions dans l’urgence.

Ce que confirme Anne-Sophie Da Fonseca, qui habille Ninho et Vegedream, l’interprète de l’hymne footballistique de 2018, Ramenez la coupe à la maison. Le jour de l’interview, la styliste de 26 ans, diplômée de Modart International, une école de mode privée parisienne, remarque : « Hier, par exemple, on m’a demandé une tenue pour un concert qui aura lieu demain. » Elle ne compte pas ses heures et ne connaît jamais son emploi du temps au-delà de deux semaines. « Préparer un clip ou des tenues pour un concert, c’est créer des moodboards, trouver des inspirations, contacter les marques, voir avec les artistes si ça leur convient, et tout recommencer si ça ne passe pas. » Le tout dans des délais très serrés que les stylistes imputent moins aux rappeurs qu’à leur entourage…

 Ashe 22 porte du JSY.

Mariama Barry, 35 ans, styliste et agente image de S.Pri Noir, se souvient de l’appel de son client qui avait repéré une doudoune bien spécifique pour un clip. Elle fait des pieds et des mains pour récupérer la pièce, fruit d’une collaboration entre Moncler et Rick Owens. Cette édition limitée est introuvable en France, elle finit par en repérer un exemplaire en Italie. La marque, avec laquelle elle entretient heureusement de bonnes relations, la lui fait parvenir rapidement. Mais les échanges avec les griffes de mode ne sont pas toujours aussi fluides. Convaincre les marques de leur prêter des vêtements constitue une large part de leur travail.

Il vous reste 58.79% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici