« “Avatar 2” annoncerait le retour total de la sortie culturelle après trois années rudes. Nuançons »

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Le voilà enfin, ce film qui donne envie à tous les Français ou presque de quitter leur canapé pour gagner la salle de cinéma. En trois ans de pandémie, aucune œuvre n’a réussi ce pari. Gardons la tête froide, ou plutôt hors de l’eau, car le spectacle sous-marin Avatar 2, s’il est une excellente nouvelle, ne pourra rien contre les avaries que le cinéma et la culture en général devront affronter en 2023.

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En trois semaines, Avatar : la voie de l’eau, de James Cameron, affiche 8,6 millions de tickets vendus. Il atteindra 10 millions ce week-end. Le rythme ne faiblit pas, il est même plus intense que celui du premier Avatar (14,6 millions d’entrées). Outre qu’il écrase la concurrence, il peut attirer jusqu’à 500 000 personnes par jour, un nombre qu’une exposition phare réalise en cinq mois et un livre à succès en un an.

Ce deuxième Avatar annoncerait le retour total de la sortie culturelle après trois années rudes. Une œuvre triomphante donne envie d’art, dit-on, y compris à ceux qui ne vont pas la voir. Nuançons. Le public retourne très fortement au musée ou au château, un peu moins au spectacle. Au cinéma, c’est mieux mais un bon quart des spectateurs manque à l’appel. Ajoutons qu’en décembre 2021, grâce à plusieurs films porteurs, les entrées furent excellentes – meilleures que cette année – et tout le monde parlait de remontada. Janvier 2022 fut le début de la cata.

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Le climat est tout de même différent. L’année 2023 devrait être la première sans restrictions liées au Covid (si tout va bien). Les habitudes de sortie ont changé aussi et, là encore, Avatar, au-delà de ses qualités, donne le ton. Le public est attiré par le grand spectacle, le divertissement, les belles histoires, les têtes d’affiche. Ça ne date pas d’hier mais le phénomène s’accentue. Et puis il y a une prime au succès. Les forts y gagnent, les fragiles y perdent. « Dans le théâtre privé, de nombreuses pièces marchaient correctement. Désormais soit ça marche fort, soit il n’y a personne », s’inquiétait Stéphane Hillel, une figure du métier, le 21 novembre, sur Public Sénat. Les gens sont plus sélectifs, se décident au dernier moment, privilégient le bouche-à-oreille, les valeurs sûres. Avec cette conséquence pour toutes les disciplines : 2023 pourrait être hostile aux œuvres atypiques et à risque.

Vœu pieux

Les nouvelles pratiques culturelles collent au maître James Cameron. En revanche, pour la première fois en trois décennies, aucun film français ne figure dans le top dix des entrées en 2022. Un seul « art et essai » dépasse le million de tickets, En corps, de Cédric Klapisch. Derrière lui, une poignée seulement de films arty tournent autour de 500 000 ou 600 000 entrées alors qu’ils étaient bien plus nombreux il y a quelques années. La raison est moins leur qualité que l’adéquation esthétique à la salle au moment où une partie de leur public – âgé, urbain, aisé, cultivé – a migré vers les écrans domestiques.

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