Récemment, alors que je traînais dans les rayons d’un Darty (oui, on a les activités culturelles qu’on peut), je suis tombé sur une publicité pour une machine à café De’Longhi à 599,99 euros. L’image mettait en scène un Brad Pitt bronzé et sans âge, accoudé à la cool sur le plan de travail immaculé d’une cuisine générique, un café à la main. Regardant ailleurs, comme s’il se foutait de cette activité promotionnelle, Brad réussissait à produire réellement l’impression qu’il était mon meilleur pote, avec qui j’allais partager dans la minute un arabica fumant. C’est sans doute ça un acteur, un type capable de vous vendre aussi bien un personnage irréaliste qui rajeunit en vieillissant qu’un percolateur hors de prix.
Quelques jours plus tôt, lors de la 48e Nuit des Césars, ce même Brad Pitt faisait une apparition surprise pour remettre une récompense au réalisateur américain David Fincher, secouant soudain l’entre-soi ronronnant du cinéma français. Le secret a été bien gardé pour que l’effet « waouh » du happening soit total. « C’est le salopard le plus drôle que j’ai jamais rencontré », a dit l’acteur à propos de l’auteur du film Fight Club. Standing ovation. Même s’il se traîne des accusations de violence conjugale, Brad Pitt jouit d’une aura en béton armé, qui le place loin devant ses coreligionnaires en matière de popularité.
Johnny Depp est désormais un « poster boy » de la masculinité toxique, Leonardo Di Caprio surjoue les Peter Pan épaissis, George Clooney fait du pédalo sur le lac de Côme quand Brad, lui, incarne plus que jamais la star hollywoodienne solaire, accessible, sensible aux charmes raffinés de notre pays (il possède un domaine viticole à Miraval, dans le Var). « Quelle élégance ! Une gentillesse absolue, voilà. Comme tous les grands, ils sont simples. Il m’a fait des compliments. Il aime la France, il aime le cinéma », s’enthousiasmait Benoît Magimel, sur le plateau de « C à vous » sur France 5, le 27 février, débriefant sa rencontre avec l’acteur américain.
Happening non homologué
Oui mais voilà : lors de cet ennuyeux pince-fesses télédiffusé par Canal+, Brad Pitt, astre descendu de son Olympe pour réchauffer les ego du cinéma français, s’est retrouvé malgré lui au cœur d’un énième moment à la Don’t Look Up (du nom de ce film Netflix où, trop occupé à se divertir, le monde ne veut pas voir la météorite géante qui va l’anéantir). Sur cette même scène de l’Olympia, quelques instants plus tôt, Nina, 24 ans, activiste de Dernière Rénovation, avait fait son apparition, arborant un tee-shirt « We have 761 days left » (« il nous reste 761 jours »), en référence au temps dont nous disposerions encore, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, pour maintenir la planète sous la barre des 1,5 °C de réchauffement.
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