Au Musée Granet, à Aix-en-Provence, David Hockney et ses allusions intimes

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Après Bruxelles, Vienne et Lucerne, la collection des œuvres de David Hockney (plus de soixante ans de création) que possède la Tate Modern de Londres débarque à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Le musée a acquis des toiles, des collectionneurs ont consenti des dons et l’artiste de même, si bien qu’il s’agit là presque d’une rétrospective (quoique lui manquent les collages de Polaroid qui sont parmi ses expérimentations les plus inventives). Elle n’en est pas moins très instructive.

Tout d’abord pour la politique mise en œuvre par les institutions muséales britanniques de la Tate, qui procèdent avec Hockney comme auparavant avec Bacon et Freud : en faisant de l’artiste britannique une vedette et en concentrant sur lui l’essentiel de leur action internationale. L’exposition aixoise est l’illustration de cette tactique promotionnelle. Et son succès de fréquentation en vérifie l’efficacité.

Sur le nom d’Hockney, il est possible de faire venir en hiver, hors tourisme et festivals, entre mille deux cents et mille cinq cents visiteurs par jour au Musée Granet et de remplir les salles au point de devoir empêcher parfois d’y entrer.

« Homme prenant une douche à Beverly Hills » (1964), de David Hockney, acrylique sur toile.

Mais ce procédé, qui confond histoire et publicité, a un grave défaut : désigner un artiste et un seul par génération revient à reléguer dans le demi-jour ceux de ses contemporains qui auraient été aussi dignes de cette faveur. Hockney a été promu maître du pop art britannique. Richard Hamilton ne mériterait-il pas autant de considération ? Et Peter Blake ? Trop tard. Il faudra attendre des décennies avant qu’un rééquilibrage intervienne.

Le deuxième intérêt de l’exposition tient à ce qu’elle rend clairement visible de l’œuvre d’Hockney : sa tendance de plus en plus accentuée au maniérisme et à l’autocitation. D’une part, il y a ses quinze premières années, et de l’autre, ce qui a suivi.

Les premières sont ici bien représentées : des toiles majeures et des suites de dessins et de gravures non moins majeures. Les décennies suivantes ne le sont pas moins, principalement par des dessins, des lithographies et, à la fin, une immense composition numérique de 2017 et les travaux sur iPad.

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Cette présentation en raccourci favorise les comparaisons d’une époque à l’autre. Elle montre aussi que Hockney n’a cessé d’être un praticien d’une dextérité et d’une curiosité technique exceptionnelles, aussi bien lorsqu’il était étudiant au Royal College of Art qu’aujourd’hui. Mais ses talents ont fini par être le cœur de ses travaux, comme si cela pouvait suffire.

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