Au Festival de la fiction de La Rochelle, les créateurs français face aux plates-formes et à l’intelligence artificielle

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Le Festival de fiction de La Rochelle est avant tout le rituel de rentrée de l’audiovisuel français : à la fois un festival – on y découvre nouvelles séries et unitaires (on dit aussi « téléfilms ») français et francophones lors de projections sur grand écran ouvertes au public – et une rencontre professionnelle scandée de débats parfois ésotériques pour le simple téléspectateur (« Plateformisation : comment réinventer la circulation des œuvres ? », le 15 septembre).

Dirigeants de chaînes et de plates-formes, producteurs, scénaristes, réalisateurs et acteurs se retrouvent à l’ouverture de la saison, succédant aux cinéphiles du Fema et aux mélomanes des Francofolies sur les quais du port charentais. Né en 1999 à Saint-Tropez, où il a passé ses premières années, le Festival de la fiction célébrait cette année sa vingt-cinquième édition, avec, en bruit de fond, de multiples avis de tempête : instabilité de l’économie des plates-formes, incertitudes sur les ressources du service public, élections européennes qui pourraient remettre en cause les acquis obtenus auprès du Parlement sortant, et dont le camp vainqueur décidera du sort que l’Union réserve à l’intelligence artificielle, qui brillait par son omniprésence dans les conversations.

Alors que Netflix venait d’annoncer, le 14 septembre, un accord avec les organisations de producteurs audiovisuels et les sociétés de droits visant à diversifier les productions françaises, et que la présentation des séries à venir de la plate-forme avait fait salle comble, les plates-formes étaient absentes lors du débat sur la plateformisation. La multinationale de Reed Hastings et Ted Sarandos et ses concurrents, Prime Video et Disney+, se sont fait excuser au motif de grève hollywoodienne.

Mesures d’austérité

La conversation s’est donc tenue entre dirigeants de chaînes (publiques et privées), producteurs et sociétés de droits. En introduction, Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom (successeure du CSA), a rappelé quelques chiffres : le nombre de minutes consacrées chaque jour à la télévision linéaire ne cesse de baisser (on en est aujourd’hui à 202) pendant que grimpe la moyenne d’âge de son public, 57 ans aujourd’hui. Les plus jeunes aiment leur fiction à la demande.

Pendant ce temps, la croissance du nombre d’abonnés aux grandes plates-formes américaines plafonne, autour de 10 millions pour Netflix, 6,8 millions pour Prime, 4 millions pour Disney. Cette pause – ou cet arrêt – entraîne des mesures d’austérité, qui viennent renforcer le conformisme nouveau des streamers américains en matière de programmation. Les nouvelles séries françaises annoncées par Netflix s’inspirent ouvertement des succès précédents de la plate-forme : Fiasco, d’Igor Gotesman, est, de l’aveu de son diffuseur, dans la lignée de la comédie Family Business, pendant que Furies promet autant de violence que Braqueurs.

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