Ascendant Vierge, un duo électro-pop grisé par une énergie supersonique

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En demandant, en juin 2018, au DJ et producteur Paul Seul, membre du collectif techno Casual Gabberz, un remix d’Oubliette, une des chansons « pop gothique » qu’elle composait alors en solo, la chanteuse Mathilde Fernandez provoquait l’étincelle fondatrice d’un duo. Né de la confrontation d’une radicalité rythmique et d’une puissance vocale formée à l’art lyrique, Ascendant Vierge bousculait ainsi le Landerneau électro-pop avec des premiers singles – Influenceur (2019), Faire et refaire (2019), Petit soldat (2021) – dont la frénésie devenait virale au-delà de nos frontières. Deux années de pandémie ont ensuite freiné brutalement ce buzz en pleine expansion.

Réouverture des clubs et retour des concerts debout ont permis au groupe de confirmer, en 2022, le potentiel live de son alchimie dans une myriade de festivals. Avant de sortir, enfin, ce 28 avril, un premier album baptisé Une nouvelle chance, dont la pochette représente Paul Seul et Mathilde Fernandez en rescapés d’un crash aéronautique.

Cette « nouvelle chance » peut s’interpréter comme le rebond espéré du duo après le clash du Covid. Mais elle peut aussi signifier celle que le monde n’est pas sûr d’avoir alors que menacent les catastrophes écologiques. « On peut y voir un sens global et planétaire, confirme Paul Seul (Orzoni pour l’état civil), aux cheveux d’un blond peroxydé, mais ce crash et cette nouvelle chance peuvent être aussi de l’ordre de l’intime. »

Biberonné au rap

L’avion, ou ce qu’il en reste, pourrait aussi être celui qui propulse la musique d’Ascendant Vierge. Un duo turbinant au cœur des réacteurs, grisé par l’énergie supersonique, au risque d’exploser en vol. Les dix morceaux de ce premier album tracent ainsi une frontière floue entre de fascinantes montées d’adrénaline aux refrains entêtants et une hypertrophie – parfois crispante – des sons et des émotions.

La quête de sensations fortes a commencé tôt pour le Parisien comme pour l’Azuréenne, grandie à La Trinité (Alpes-Maritimes). Paul Orzoni est biberonné au rap, avant de découvrir, à peine adolescent, la vitesse enivrante et les frappes primitives du gabber, une forme hard-core de techno, née aux Pays-Bas dans les années 1990. Un temps dévalué comme style fêtard pour drogués bas du front, le genre sera réévalué au début des années 2010 grâce à de jeunes DJ jouant avec malice de sa brutalité. Parmi ceux-ci, Paul Seul et ses camarades du collectif Casual Gabberz (April, Boe Strummer, Von Bikrav, etc.) promouvant ce revival à travers des sets, des compilations et des productions publiées par leur propre label. « Au début, nous étions parfois obligés de mentir sur le genre que nous jouions, tant le gabber avait mauvaise presse, en particulier à Paris », se souvient le DJ, qui entretint sa flamme techno hard-core en vivant quelques années en Belgique et aux Pays-Bas.

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