« Après plusieurs années à poser nue, je me dis : je suis grosse et c’est comme ça que j’aime mon corps »

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La première fois que j’ai posé pour un atelier de modèle vivant j’avais 21 ans et je me suis dit : qu’est-ce que je fais là ? J’avais envie d’essayer depuis plusieurs années, c’est une amie, qui posait depuis plus de dix ans, qui m’a convaincue de sauter le pas. Elle savait que ça me plairait. Mais j’avais un peu peur de me lancer parce que je pensais que les modèles étaient uniquement des femmes grandes et minces. Alors que je suis petite et grosse.

Ma première fois, c’était donc en 2020, à Gentilly (Val-de-Marne), en banlieue parisienne, dans l’atelier d’un couple très gentil. Il y avait des sculptures et des dessins partout dans la salle. La lumière entrait par une baie vitrée fumée. Je me suis changée dans un espace réservé au modèle, derrière un rideau. Puis, je me suis installée au milieu de la pièce, sur une petite estrade recouverte d’un drap blanc. Les élèves se sont installés en cercle autour de moi et j’ai commencé à poser.

Les participants étaient tous très différents : une dame frêle avec un fort accent et qui portait des vêtements de couleurs, un homme avec un blouson en cuir et tatoué sur tout le corps, une jeune femme très timide qui ne voulait pas montrer ses dessins… A la fin du cours, les organisateurs de l’atelier m’ont dit que mes poses se ressemblaient trop. J’étais restée debout pendant toute la séance, alors que d’habitude le modèle s’allonge, s’assoit ou s’appuie sur un objet. Pour m’inspirer, ils m’ont donné un cahier avec des exemples de poses.

Sur le moment, j’ai eu un peu honte. Mais les élèves savaient que je débutais et ce n’était pas un problème pour eux. J’ai senti que j’avais le droit d’apprendre et de ne pas tout savoir dès mon arrivée, que j’allais prendre le temps. En sortant du cours, j’étais très heureuse, j’ai appelé mon amie et je lui ai dit : « Je veux faire ça toute ma vie ! »

Peignoir, paire de tongs et bouteille d’eau

Au fil des mois, je me suis constitué un carnet d’adresses. Les salles dans lesquelles je pose sont toutes très différentes : c’est aussi ce qui fait le charme du modèle vivant. Dans une église désacralisée, aux Beaux-Arts de Paris, dans un sous-sol blafard, chez des particuliers… Il n’y a pas vraiment de règle. Seule constante : le modèle se tient sur une petite estrade. J’arrive en général cinq à dix minutes avant le cours, pour avoir le temps de me changer. Dans mon sac, trois indispensables : un peignoir, une paire de tongs et une bouteille d’eau. Une fois déshabillée, j’attends les élèves en peignoir dans la salle de dessin.

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