L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS
Menacée d’expulsion du logement qu’elle occupe avec son fils de 14 ans, Inès (Louise Bourgoin) cherche de toute urgence un nouvel emploi. Elle candidate à un poste de gardienne pour Anti-squat, une société permettant à des entreprises de loger temporairement des résidents dans des immeubles vacants afin de les protéger d’éventuels squatteurs. Prise à l’essai pour deux mois, Inès surveille des occupants contraints de se plier à des règles strictes : pas d’enfants, pas de fêtes, pas d’animaux et obligation d’entretenir les parties communes – un travail gratuit qui, à la longue, permet d’accroître la valeur du bâtiment.
Après Corporate (2016), Nicolas Silhol poursuit sa dénonciation en règle de la tyrannie du monde du travail, de l’exploitation des plus précaires et du culte du profit. Une suite de dilemmes moraux se formule dans la conscience de son héroïne, perpétuellement déchirée entre ses principes et un « marche ou crève » qui finit par avoir raison d’elle.
Si Anti-squat, inspiré d’un dispositif légal expérimenté depuis peu en France, tenait là un sujet qui promettait une multitude d’idées visuelles, le réalisateur – qui remet le travail de mise en scène et d’incarnation à plus tard – reste accroché jusqu’au bout à sa plate dissertation politique sur capitalisme et banalité du mal.
Un discours bien trop lourd à porter pour des acteurs contraints de réciter froidement leur partition, réduits à des fonctions narratives qu’ils n’ont jamais l’occasion d’outrepasser. Si Silhol a la bonne idée de ne pas choisir l’issue la plus optimiste pour son héroïne, il gâche cette légère éclaircie par un final des plus naïfs.
Film français de Nicolas Silhol. Avec Louise Bourgoin, Samy Belkessa, Sâm Mirhosseini (1 h 35).