A Visa pour l’image, l’Iran et l’Ukraine en ligne de mire

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La semaine professionnelle du festival Visa pour l’image s’est achevée le samedi 9 septembre sur de nouvelles images catastrophiques, le séisme au Maroc venant compléter, pour la dernière soirée de projection au Campo Santo de Perpignan, la litanie de désastres déjà visibles dans les expositions organisées à travers toute la ville.

Pour cette édition anniversaire, la 35e, du célèbre festival de photojournalisme, son directeur, Jean-François Leroy, n’avait pas beaucoup changé la formule – une manifestation entièrement gratuite, avec une grosse vingtaine d’expositions à la scénographie minimale, des rencontres et des projections. Mais il avait invité nombre de photographes qui furent de longs compagnons de route de la manifestation, dont Pascal Maitre, Ian Berry, Stephanie Sinclair ou Paolo Pellegrin.

Ce ne sont pas forcément les « maîtres » du photojournalisme qui ont le plus impressionné lors de cette édition, souvent présentés avec des sujets trop vastes (l’eau pour Ian Berry, une rétrospective d’images anciennes pour Paolo Pellegrin). Les sujets en noir et blanc, souvent très maniérés, n’ont pas été les plus convaincants, comme l’extrême droite américaine vue par Mark Peterson dans des images contrastées au point d’en être irréelles, ou les photos très picturales de Nick Brandt, qui met en scène un homme et un animal dans une sorte de déploration décorative sur le changement climatique.

Des ambitions plus limitées et moins artistiques

Les meilleures expositions avaient souvent des ambitions plus limitées et moins artistiques, avec des sujets originaux, ou très approfondis : la traversée infernale de la jungle du Darien, entre Colombie et Panama, par les migrants qui rêvent d’atteindre les Etats-Unis (et où étonnamment on découvre, au côté des Vénézuéliens fuyant la crise, des Afghans venus de l’autre bout du monde), dans un reportage signé Federico Rios Escobar (Visa d’or humanitaire du CICR) ; la cocaïne en Colombie vue par Mads Nissen, qui a photographié aussi bien les producteurs que les gangs ou les mules ; ou les photos des Evenks, éleveurs de rennes autochtones au nord de la Russie, confrontés au changement climatique, à l’extraction minière et à l’acculturation – un sujet qui a valu à Natalya Saprunova la bourse Canon de la femme photojournaliste en 2022.

Alla et son fils élèvent, avec trois employés, un troupeau de 215 rennes qu’elle doit vacciner contre la brucellose, la piroplasmose et l’anthrax qui pourraient resurgir avec la fonte du permafrost. Près de Lengra (Russie), en juin 2022.

Comme en 2022, il a été beaucoup question de la guerre en Ukraine dans les projections et les expositions – le photographe du New York Times Tyler Hicks a remporté le Visa d’or de la presse quotidienne pour son travail sur la ville de Bakhmout (un prix désormais doté par l’agence Sipa, et qui prendra le nom de son fondateur, Goksin Sipahioglu). En parallèle des expositions qui ne cessent de dénoncer l’invasion russe et les crimes de guerre de Poutine, le directeur du festival a tenu à souligner combien le gouvernement ukrainien, de son côté, bloquait les accès des journalistes au front, qu’ils soient ukrainiens ou étrangers, pour faire passer sa propagande.

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