A Paris, une convention pour acter le chemin parcouru dans le hip-hop

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Au premier étage de la Canopée des Halles, à Paris, plus d’une centaine de jeunes, majoritairement des femmes, écoutent attentivement les intervenants. Sur l’estrade comme dans le public, moins de 25 ans de moyenne d’âge. Le bar du centre culturel hip-hop La Place, ouvert depuis avril 2016, qui accueille d’habitude les vernissages des expositions d’artistes graffiti ou le public des concerts de sa salle rap, a rarement été aussi calme. C’est que le sujet de la conférence, « Tout le monde veut percer : quels métiers possibles dans le rap en 2023 ?  », passionne l’assistance. Durant quatre jours, la L2P Convention, organisée par La Place, propose aux actrices et acteurs de la culture hip-hop de faire le point sur les avancées dans leurs métiers, les nouvelles tendances de leur musique, danses et graffiti. Un moment visiblement attendu.

Mercredi 8 mars, les débats « Les relations entre institutions et hip-hop » et « La place des personnes LGBT dans la danse hip-hop » ne désemplissaient pas. Jihane Hadjri, attachée de presse d’artistes en développement, résumait la situation : « Avant, on ne considérait pas le rap comme un horizon professionnel atteignable et viable à cause de sa marginalisation. Le milieu était vu davantage comme un microcosme. C’était difficile de se projeter dans cet univers-là… » Le streaming dans les années 2010 a changé la donne, en permettant au rap de construire une économie viable : on peut désormais y travailler, y évoluer. « De plus en plus d’artistes indépendants se sont structurés professionnellement avec des équipes de chef de projet, de manageurs, des attachés de presse », insiste-t-elle.

« Machine administrative »

Dans la salle de concert qui jouxte le bar, on peut voir des manageuses d’artistes débattre avec les représentants d’institutions, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) ou le Centre national de la musique. L’une d’entre elles se rappelle la situation en 2018 : « A l’époque, seulement 107 des 1 046 subventions versées par la SPPF [Société civile des producteurs de phonogrammes en France] étaient pour des projets rap, alors que cette musique représentait déjà 43 % des ventes du top album. » Massita Montbrun, collaboratrice du DJ Cut Killer et fondatrice de la société de stratégie Mainly, ajoute : « C’est sur le chemin de sa passion pour la musique qu’un artiste se rend compte qu’il faut s’inscrire à la Sacem, à l’Adami [Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes], à la Spedidam [Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes]. Mais aller vers les institutions et faire des demandes de subvention, ce n’est pas quelque chose qui s’impose et ceux qui le font se retrouvent souvent face à une machine administrative compliquée et qui prend beaucoup de temps. »

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