A Paris, un projet de « rambla » divise dans le 11ᵉ arrondissement

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Sur les grilles des squares qui se succèdent le long des terre-pleins centraux des boulevards Richard-Lenoir et Jules-Ferry, dans le 11e arrondissement de Paris, des affichettes font état de déclaration préalable de travaux pour une « dépose partielle de clôture ». Toutes sont barrées d’un grand « NON » écrit au marqueur : le signe de la vive opposition au projet, qui ne cesse de grandir depuis qu’il a été annoncé, en mai. Regroupés au sein de l’association Sauvons Jules et Richard, des riverains ont rédigé une lettre ouverte à la maire de Paris, Anne Hidalgo, et lancé une pétition en ligne. France Nature Environnement (FNE) Paris, de son côté, a déposé un « recours en excès de pouvoir » devant le tribunal administratif.

Ces grilles basses, le long desquelles foisonne un luxuriant écosystème d’arbustes et de plantes grimpantes, encadrent un espace public paisible rythmé par une série d’oculus qui ouvrent sur le canal en contrebas. Les tables de ping-pong y alternent avec les terrains de boules, les aires de jeux pour enfants, les équipements de gym… C’est là le plus grand espace vert de l’arrondissement : un îlot de fraîcheur devenu l’emblème de cette artère résidentielle animée par les commerces de demi-gros et de cafés à l’ancienne, qui est aussi un axe de passage pour la circulation automobile parisienne.

Entre deux squares, des portions plus minérales, rafraîchies par endroits par des miroirs d’eau, sont régulièrement investies par les danseurs de tango, adeptes du taï-chi et autres skateurs quand les marchés n’y sont pas installés. L’ensemble date des années 1990. C’est l’œuvre de l’agence Seura Architectes (David Mangin et Alain Payeur) et de la paysagiste Jacqueline Osty.

Crainte de « pariplagisation »

Si la dépose des grilles suscite un tel émoi, c’est qu’elle s’annonce comme la première étape d’un projet plus vaste, qui promet de transformer l’équilibre du quartier : une grande promenade végétalisée doit relier la place de la Bastille à la place Stalingrad, nouveau chapitre du plan de réduction de la voiture et de développement de la nature en ville porté par la Mairie de Paris. La circulation sera principalement réservée aux vélos et aux piétons, les véhicules autorisés ne pourront circuler que dans un sens, à vitesse très réduite : on appelle cela une « vélorue ».

Les images révélées lors de la présentation du projet à la mairie du 11e arrondissement montrent, sur le boulevard Jules-Ferry, un terre-plein recouvert de grandes pelouses libres d’accès. Dans ce même document, les grilles sont bizarrement désignées comme des « clôtures identitaires ». Leur dépose répond à un objectif de « décloisonnement » des parcs et jardins, « axe majeur de tous les projets de la ville », comme on l’assume au cabinet de la maire. Les « ramblas », ces artères dotées de terre-pleins centraux typiques de l’urbanisme espagnol, sont une des références du projet.

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