Une galerie, c’est bien plus qu’une page dans l’épais catalogue d’une foire d’art, davantage qu’un compte Instagram qu’on fait défiler depuis son canapé. C’est un lieu d’exposition, un esprit ; mieux : une personnalité. Voici le credo du Paris Gallery Weekend, dont la dixième édition, organisée du vendredi 26 au dimanche 28 mai, invite à découvrir une petite centaine de galeries franciliennes.
A la veille de la Pentecôte, qui pourrait vider la capitale de ses collectionneurs sans attirer d’acheteurs étrangers, le timing n’est pas idéal. Plusieurs enseignes, parmi les plus importantes de la place, passent leur tour – mais restent ouvertes vendredi et samedi. « Ce type d’événement pourrait être une fenêtre très grand public sur notre métier, ou une passerelle avec l’international, or il me semble qu’on est plutôt dans un entre-soi », regrette Stéphane Corréard, cofondateur de Loeve & Co, qui n’y participe plus après une tentative infructueuse.
Malgré ces défections, il faudra du mollet pour arpenter une géographie parisienne en pleine expansion, qui irradie du Marais à Romainville (Seine-Saint-Denis), en passant par l’avenue Matignon, l’artère du triangle d’or si prisée des cadors du marché. « Ce qu’on veut, c’est proposer aux gens qui ont leurs habitudes dans certaines galeries de changer de parcours et d’en découvrir d’autres », confie Marion Papillon, présidente du Comité professionnel des galeries d’art.
« Une alternative à la monoculture des foires »
L’objectif est aussi de revigorer les affaires, qui ne sont pas proportionnelles à l’attrait croissant de la place parisienne. « La situation est paradoxale, même les galeries dynamiques ne sont pas rassurées », se désole Marion Papillon, qui rappelle : « Les périodes creuses sont désormais plus longues et la reprise du printemps se fait attendre. » Surtout, les collectionneurs ont repris leurs bonnes vieilles habitudes : voyager aux quatre coins du monde et faire leurs emplettes sur les salons.
Pour les encourager à renouer avec les vertus de la proximité, mantra des années Covid-19, le Gallery Weekend a demandé à plusieurs figures du monde de l’art de livrer leurs coups de cœur sur son site Internet. Martin Bethenod, l’ancien directeur de la Bourse de commerce, avoue ainsi un faible pour l’exposition de Trisha Donnelly chez Air de Paris, tout en saluant « une action collective qui apporte une alternative à la monoculture des foires en mêlant les genres et les générations ».
L’opération épouse la stratigraphie du marché hexagonal. Les poids lourds sont en petit nombre, à l’image de David Zwirner, qui expose l’artiste appropriationniste Sherrie Levine, de Lelong, de Max Hetzler ou de Daniel Templon. A l’autre bout de la chaîne, on retrouve de jeunes galeries comme Lara Sedbon, qui vient tout juste d’ouvrir ses portes rue Notre-Dame-de-Nazareth, dans le 3earrondissement, ou Anne-Laure Buffard, une galeriste en appartement qui, pour l’occasion, occupe un espace rue Chapon, dans le même arrondissement.
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