Septembre, les boucles de la Seine, l’île Aumône, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), ce paysage enchanté à un peu plus d’une heure de Paris, la cinquième édition de l’Eole Factory Festival et ses instruments à vent qui traversent allègrement les genres. Pourquoi ? Parce que Mantes-la-Jolie et Mantes-la-Ville, commune adjacente, concentrent les plus prestigieuses manufactures d’instruments à vent au monde, Henri Selmer et Buffet Crampon : clarinettes, saxophones, flûtes, basses à vent. Haute précision, chaîne de mise au point continue, de l’ouvrier hautement qualifié à l’interprète qui vient essayer à l’usine les derniers modèles. Amour du geste, exactitude horlogère, raffinement que l’on connaît au luxe…
A l’origine de cette célébration, un artisan qui déteste que l’on parle de lui : Jean-Pierre Vignola. Natif de Mantes-la-Jolie, il a « fait la route » avec les plus grands artistes de blues et de jazz. Dans ce retour au pays natal, il anime cette manifestation, le plus grand des petits festivals, comme il en a animé des plus importantes (à Vienne ou à Nice), avec la passion de la perfection et l’art d’insuffler sans commander.
Eole est le dieu grec maître du vent, mais il s’agit aussi du nom de la ligne E du RER d’Ile-de-France. En 2021, on vendait ici des K-Way qu’imposaient les froidures. 2023 : température tropicale, éoliennes en berne, réchauffement très vérifiable. On y ajoute la Coupe du monde de rugby, que l’Eole Factory Festival a traitée dans le style Vignola : batterie fanfare ou big band pour les ponctuations musicales, écran gonflable (on n’arrête pas le progrès) de 70 mètres carrés, 789 spectateurs enthousiastes. Score final : 27 pour les Bleus, 13 pour les All Blacks. C’était le 8 septembre.
Cuivres afro-cubains
Programme général sans œillères, du jeudi 7 au dimanche 10 septembre. Congé spatial, le quartet du saxophoniste Guillaume Perret, en bande-son du film du spationaute Thomas Pesquet, lui-même saxophoniste, 16 levers de soleil (quel titre !). Visite au musée de La Couture-Boussey, village de l’Eure que l’on dit « berceau des instruments à vent ». La subtilité de la clarinettiste Aurélie Tropez et de l’accordéoniste Alexis Lambert à l’église du village. Musiciens classiques saisis par l’aventure électro (Chapelier fou). Groove de Vaudou Game. Sarah Lenka dans son répertoire de chants des esclaves afro-américaines. Cuivres afro-cubains. Jeux en bois sonores très étonnants pour les enfants, et comme s’il s’agissait de prouver l’étendue des vues qui prévaut ici, Ben l’Oncle Soul en personne.
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