Grandiose autant qu’éphémère, un lieu bien particulier est placé au cœur de la 20e édition de la Biennale de la danse de Lyon, du 9 au 30 septembre : Fagor. Les anciennes usines de production d’appareils électroménagers, situées dans le quartier Gerland (7e arrondissement), sont à la fois l’épicentre festivalier de la Biennale, le site d’animations continues et un lieu de spectacles. Dans ses immenses ateliers, répartis sur plus de 73 000 mètres carrés, près de 2 000 ouvriers ont fabriqué à la chaîne des machines des marques emblématiques : Brandt, Thomson ou encore Vedette.
Fermées en 2015, vidées de leurs chaînes, les usines Fagor ressemblent à un paquebot immobile, déposé en bordure de la voie de la ligne T6 du tramway. Après cette longue histoire industrielle, la métropole de Lyon a décidé de vouer le site à la vie culturelle, le temps d’une reconversion urbanistique. Fagor a ainsi abrité des concerts des Nuits sonores, ainsi que les expositions de la Biennale d’art contemporain, en 2021. En 2024, la métropole a prévu d’en faire un site de maintenance des tramways, compte tenu de la création de nouvelles lignes de transport peu carbonées. La parenthèse culturelle se referme.
Mais la Biennale de la danse semble avoir décidé de célébrer l’éphémère lieu, avec une joie frénétique. Cette année, Fagor devient l’espace de rencontres entre artistes et public, complètement immergé dans la création, à un rythme de derviche tourneur. Chaque jour et chaque soir (sauf le lundi), un événement, une proposition. Les usines Fagor abritent la billetterie et l’accueil quotidien de la Biennale, une librairie, des food trucks, ainsi que des conférences et des master class.
Mémoire des murs
Fagor, c’est aussi un lieu d’immersion avec une amplitude horaire sans précédent. Quinze heures non-stop de conférences, de projections et de performances sont réservées le 16 septembre : le danseur Vinii Revlon y célébrera la scène ballroom, mouvement d’expression de défense des identités. Même configuration le 30 septembre, pour raconter du matin au soir l’aventure hip-hop, avec le collectif Fair-e. A l’arrière des bâtiments de Fagor, des soirées festives « Club Bingo » auront lieu, avec DJ, artistes et publics mélangés.
Outre l’animation permanente, le site Fagor accueille cinq spectacles du programme de la Biennale, dont Liberté cathédrale, de la compagnie Tanztheater Wuppertal Pina Bausch, les 22, 23 et 24 septembre. « Une cathédrale sans mur ni clocher, faite d’architecture humaine » : le propos artistique de la compagnie dirigée par Boris Charmatz résonne étroitement avec la dimension du lieu, comme si la danse devait célébrer l’esprit et la mémoire des murs.
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