A l’opéra d’Athènes, Anna Pirozzi ravive la flamme et la folie de Médée

0
15

Il faut monter sur le toit de l’élégant et fin navire de métal et de verre que Renzo Piano a dessiné pour le Centre culturel de la Fondation Stavros Niarchos, qui abrite depuis 2017 l’Opéra national de Grèce, pour apercevoir la mer et s’envelopper de vent. Celui-là même qui poussa Jason et ses Argonautes sur les côtes de Colchide (actuelle Géorgie) où il conquit la Toison d’or avec l’aide de la magicienne Médée, qu’il épousera après l’avoir ramenée en Grèce, et dont il aura deux enfants. Mais nous n’en sommes plus là, et la Medea de Luigi Cherubini, qui ouvre les festivités liées au centenaire de la naissance de Maria Callas (1923-1977), fourbit déjà sa vengeance depuis que le héros grec l’a répudiée et s’apprête à convoler avec Glauce, la fille du roi de Corinthe, Creonte.

L’opéra, créé en français en 1797, avant d’être adapté en allemand, d’où a été tirée la version italienne, est resté attaché à la légende de la grande cantatrice grecque, née à New York le 2 décembre 1923. Un rôle que la « Divina » a définitivement marqué de son empreinte vocale et dramaturgique bien qu’elle l’ait chanté sur scène moins de dix ans (de 1953 à 1962), et dont demeurent des enregistrements majeurs. Maria Kalogeropoulou a presque trente ans lorsqu’elle incarne pour la première fois Medea, en Italie, au Maggio musicale de Florence puis à La Scala de Milan (1953). Suivront Venise (1954) et Rome (1955).

Force tragique inhabituelle

Cette tragédienne dans l’âme offre à la figure de l’infanticide, adaptée de la tragédie d’Euripide, une force tragique inhabituelle, ressuscitant un opéra depuis longtemps passé aux oubliettes. Trois ans plus tard, la « Divina » est devenue « la femme la plus élégante du monde » lorsque l’Opéra de Dallas lui propose une nouvelle production en 1958 (qui sera reprise à Londres l’année suivante). La cantatrice accepte, à condition de choisir ses partenaires. Si la distribution compte un seul Grec, la basse Nicola Zaccaria, aux côtés du grand ténor canadien Jon Vickers et de la jeune mezzo espagnole Teresa Berganza, l’équipe scénique rassemble la fine fleur des artistes hellènes : à la mise en scène, l’acteur et homme de théâtre Alexis Minotis, aux décors et costumes, le peintre Yannis Tsarouchis.

Glauce (Vassiliki Karayanni) en robe de mariée dans « Medea », de Cherubini à l’Opéra national de Grèce, le 20 avril 2023.

C’est d’ailleurs avec cette production que Callas interprétera sa première Médée sur la terre de ses ancêtres. Le directeur de l’Opéra national de Grèce, Kostis Bastias, qui avait beaucoup soutenu les débuts d’une Maria Kalogeropoulou encore étudiante, veut inaugurer avec elle les premières représentations d’opéra jamais données au théâtre antique d’Epidaure.

Il vous reste 57.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici