« 1923 », sur Paramount + : Harrison Ford et Helen Mirren relèvent leurs manches pour construire l’Amérique moderne

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PARAMOUNT+ – À LA DEMANDE – SÉRIE

Showrunneur star (et très rentable) de la Paramount, l’ancien acteur devenu scénariste Taylor Sheridan s’est dernièrement fait une spécialité de fournir du travail à des stars un peu usées, principalement masculines, dans des productions qui ont en commun de raviver les mythes fondateurs de l’Amérique et de son cinéma – le cow-boy pour Kevin Costner (Yellowstone), le gangster pour Sylvester Stallone (Tulsa King).

On peut considérer que Harrison Ford était sans doute celui des trois qui en avait le moins besoin, lui qui a endossé pour la cinquième fois le costume d’Indiana Jones (sortie du prochain opus fin juin) et qui vient de montrer, dans la peau du psy grincheux de Shrinking, à quel point le grand âge lui seyait. Il est pourtant le principal intérêt de 1923, aux côtés de la Britannique Helen Mirren, dont la présence au générique de ce nouveau spin-off de Yellowstone semble une promesse de qualité.

Les premiers épisodes sont d’ailleurs à la hauteur des attentes, car, une fois n’est pas coutume, le showrunneur dévie de son mode de narration plutôt rectiligne pour diviser l’intrigue de la série en trois espaces distincts. L’ensemble trouve un fil rouge en la voix d’Elsa, la jeune Dutton autour de laquelle est tissé le récit de 1883 et qui représente, en quelque sorte, la conscience de la famille.

Indiennes enrôlées de force

Après avoir décrit dans 1883 l’émigration vers l’Ouest des ancêtres Dutton, Taylor Sheridan propulse ses personnages dans l’effervescence des « Roaring Twenties ». Dans le Montana, où les Dutton sont désormais d’importants propriétaires terriens, Cara (Helen Mirren) et Jacob (Harrison Ford) voient se dessiner les prémices de la récession qui frappera durement l’agriculture quelques années plus tard. Sans enfants, ils préparent la transmission de leur domaine et de leurs responsabilités – Jacob, comme son descendant James (Kevin Costner, dans Yellowstone), préside l’association des éleveurs locale – à leurs deux neveux, dont l’un a fui le traumatisme des tranchées de 14-18 en s’inventant une vie de baroudeur en Afrique.

La question de la terre, de la propriété foncière, de qui était là avant et de qui exerce son droit sur le sol reste au cœur de la série et sous-tend même un troisième arc narratif plus rugueux, qui décrit l’assimilation brutale de jeunes Indiennes enrôlées de force dans un pensionnat catholique. C’est dans ces séquences que la série est la plus « shéridanienne ».

Ce qui ne veut pas dire que la saga ne montre pas de signes d’évolution. L’écriture très testostéronée de Yellowstone, dont l’actrice Kelly Reilly s’est émancipée jusqu’à faire de Beth le personnage préféré des critiques, cède la place à une peinture plus ouvertement progressiste du rôle des femmes dans la construction de l’Amérique moderne. Cara prend ainsi la tête du ranch pour pallier l’absence de Jacob, et les scènes les plus violentes de la série sont celles qui opposent la jeune Indienne Teonna à ses tortionnaires féminines. Ces partis pris rendent étonnant le kitsch très « male gaze » avec lequel est filmée l’idylle africaine entre Spencer et la toute blonde Alexandra.

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