dimanche, mai 19
Sylvain Jouanneau, le père de Mathis, et son avocat, Daniel-Charles Badache, dans la salle d’audience du palais de justice de Caen, le 3 juin 2015.

Rebondissement dans l’affaire du petit Mathis porté disparu depuis 2011 : son père ; Sylvain Jouanneau, condamné en 2015 à vingt ans de réclusion pour enlèvement et séquestration, a été mis en examen pour meurtre, notamment en raison de la découverte de l’ADN du garçon dans sa voiture. « Le père de Mathis a été mis en examen pour le meurtre de son fils le 19 avril 2024 », a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) une source judiciaire, confirmant une information de France 3 Normandie.

Cet ancien cadre divorcé devenu maçon n’avait jamais ramené Mathis à sa mère le 4 septembre 2011, à Caen, comme il aurait dû le faire selon les termes de sa garde du week-end. Il avait affirmé lors de son procès l’avoir confié à des tiers à l’étranger après avoir passé « un mois » avec lui, sans jamais dire à qui il avait remis son enfant, souhaitant les « protéger ».

« En 2015, aux assises, il avait prétendu qu’à ses 18 ans, donc il y a trois ans, Mathis serait réapparu et aurait dit qu’il se portait bien, que son père avait pris une bonne décision… Or on n’a jamais eu de ses nouvelles », a fait savoir à l’AFP Me Aline Lebret, avocate de la mère du jeune garçon.

Deuxième élément expliquant la mise en examen pour meurtre, selon l’avocate, la découverte de « la présence de l’ADN de Mathis sur le tapis de coffre » dans la 206 du mis en cause retrouvée en 2011 à Lahonce dans les Pyrénées-Atlantiques. « Je me suis toujours refusé à ce que cette affaire s’arrête [en 2015 après le procès aux assises] et j’ai, dès 2016, fait des demandes d’actes d’investigation importants qui ont été réalisées. Les analyses ADN sont arrivées il y a un an et demi, et puis le temps qu’on les compare à l’IRCGN [Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale]… », a-t-elle ajouté, disant n’avoir « pas de doute » sur la culpabilité de Sylvain Jouanneau. Contacté par l’AFP, son avocat, Me Félix Gluckstein, n’a pas souhaité faire de commentaire dans l’immédiat.

Une instruction pour homicide, disjointe de l’affaire d’enlèvement et de séquestration, était ouverte en parallèle pour faire la lumière sur la disparition du mineur et pour que l’enquête puisse continuer après le jugement aux assises.

« Des problématiques d’incohérence »

« Il y a des problématiques d’incohérence, le fait que ce soit le dernier à l’avoir vu vivant, le fait que plusieurs personnes l’ont vu tout seul après l’avoir enlevé ou encore que l’on a retrouvé l’ADN de l’enfant sur le tapis de sol du coffre de la voiture dont il s’est servi. Cela laisse à penser qu’un corps a été allongé dedans », a déclaré cette source, ajoutant que cette analyse ADN « n’avait pas été réalisée » auparavant.

Mardi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Caen, saisie par le mis en cause, qui contestait sa détention provisoire, a confirmé son placement en détention dans ce volet de l’affaire, selon la même source.

En 2015, la police avait lancé, sans succès, un appel à témoins avec un portrait de l’enfant vieilli. La mère de Mathis, Nathalie Barré, avait écrit un livre Il m’a pris mon fils.

Lire aussi | Disparition de Mathis : le père devant les assises pour enlèvement et séquestration

Le Monde avec AFP

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