vendredi, décembre 19
Dans un centre de santé pour les enfants victimes de violence et confiés aux services de protection de l’enfance, à Paris, le 2 décembre 2025.

« Ils étaient déshumanisés », selon leur mère : deux enfants d’une fratrie placés en foyer à Paris ont été tondus en juillet, a annoncé, jeudi 18 décembre, la Mairie, qui a signalé à la justice ces faits après le vif émoi provoqué par une précédente affaire de garçon maltraité.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Enfant placé tondu par des éducateurs : l’association qui gère le foyer de l’ASE se dit « profondément choquée », le parquet ouvre une enquête pour « violences volontaires »

« La ville de Paris a fait un signalement au parquet mardi », a-t-elle fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de Franceinfo, ajoutant qu’une magistrate « en a accusé réception dès le lendemain matin ». Le parquet de Paris a confirmé, jeudi, avoir reçu ce signalement.

La Ville, qui s’occupe de 8 660 enfants confiés à la protection de l’enfance, a aussi convoqué « en début de semaine prochaine » l’ensemble des directeurs d’associations gérant ces foyers habilités par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). « On reçoit la famille cette semaine et en début de semaine prochaine », a-t-on ajouté de même source, pointant une « absence de volonté délibérée d’humiliation », contrairement à l’affaire, révélée récemment, d’enfant filmé en février alors que des employés d’un foyer éducatif lui rasaient le crâne.

Lola (prénom modifié), mère des deux garçons tondus en juillet, a décidé de porter plainte dans les prochaines semaines, parallèlement aux démarches de la Mairie. Ses enfants ont été placés le 2 juillet dans un foyer du 18e arrondissement, dans un contexte de séparation compliquée, a précisé son avocate, Rebecca Royer, qui a déploré une « violence grave ».

« Ils étaient déshumanisés »

Quelques jours après, deux éducatrices du foyer contactent Lola pour lui dire que ses garçons « ont des poux, comme les autres enfants du foyer », et lui demandent si elles peuvent couper les cheveux de son fils aîné, alors âgé de quatre ans. Lola donne son accord, indiquant toutefois que son fils « n’aime pas qu’on coupe ses cheveux et plus généralement qu’on le touche ». Elle avait aussi glissé du shampoing antipoux dans les affaires de ses enfants.

Lors d’une visite hebdomadaire à l’ASE en juillet, elle découvre, choquée, que les deux garçonnets ont le crâne rasé, sans qu’on ne l’ait prévenue pour le deuxième, âgé de 3 ans. « C’était horrible, ils ne me regardaient même pas ! », s’est-elle émue. Lorsque ses enfants lèvent enfin les yeux vers elle, elle remarque leurs « regards mortifiés, choqués, déshumanisés : c’est ça, ils étaient déshumanisés », dénonce Lola, qui s’interroge sur « les conditions » dans lesquelles les éducateurs ont rasé les cheveux de ses fils.

La Fondation OVE, qui gère ce foyer, s’est défendue de tout caractère humiliant et a annoncé avoir ouvert « une enquête interne ». Les enfants sont arrivés avec « une forte infestation de poux » et, après un traitement, « la décision a été prise de procéder à une coupe de cheveux pour ces deux enfants, avec l’accord de leur mère », coupe faite « plus courte que prévu », a-t-elle affirmé dans un communiqué.

« Nous regrettons que le résultat esthétique de la coupe n’ait pas convenu à la mère et nous restons mobilisés pour maintenir un dialogue constructif avec la famille », ajoute la fondation.

Signalement

La ministre de la santé et de la famille, Stéphanie Rist, a annoncé avoir, elle aussi, effectué un signalement auprès du parquet de Paris et a confié une mission à l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). « Ces actes constituent une atteinte grave et intolérable à la dignité et à l’intégrité des enfants », a dénoncé la ministre.

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Une autre affaire, révélée début décembre, a suscité une vive indignation. Des employés d’un autre foyer accueillant des enfants placés par l’ASE dans le 13e arrondissement ont rasé la tête d’un garçon placé de 8 ans en le filmant en février 2025, « à des fins d’humiliation », selon la Mairie de Paris, qui avait, là aussi, saisi la justice.

Dans cette affaire, le parquet a ouvert une enquête pour violences volontaires sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité, suivie d’un dépôt de plainte de la mère de l’enfant.

« L’enquête administrative est toujours en cours », a confié, jeudi, la Ville, qui affirme qu’« un rapport définitif sortira fin janvier ». « En attendant, des premières injonctions ont été mises en place, à commencer par une formation du personnel à l’obligation de signaler tout événement grave au procureur de la République », a ajouté la Mairie.

Le Monde avec AFP

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