mercredi, octobre 23

Il se produit un phénomène tout à fait paradoxal depuis que le psychodrame politique français a commencé. Le taux d’intérêt ne monte pas, alors que tout le monde voit bien qu’il monte….

Souvenons-nous. La perspective de voir des extrêmes politiques arriver au pouvoir fit craindre une flambée de la dette publique française, afin de financer les promesses d’un monde meilleur. Subséquemment, les taux d’intérêt français devaient s’envoler, afin de contenter des investisseurs dont le degré d’exigence allait alors être rehaussé d’un cran.

Résultat, les taux d’intérêt à dix ans français étaient aux environs de 3,10 %, à la veille des élections européennes, ils l’étaient également au lendemain du second tour des élections législatives… et l’étaient toujours le 23 juillet, alors que l’on ne savait toujours pas quelle coalition formera un gouvernement. Circulez, n’y aurait-il rien à voir ?

En finance, il ne faut pas chercher au-delà des apparences, nous souffle la théorie. Si l’investisseur exige toujours 3,10 % pour accepter de financer la dette française, c’est probablement qu’il a de bonnes raisons de ne pas exiger davantage. On appelle cela l’efficience des marchés. Toute l’information pertinente est censée être contenue dans le prix affiché. Si le prix est identique, c’est donc qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Pourquoi pas.

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Après tout, il s’agit quand même de la dette publique française. Qu’elle soit affligée d’une mauvaise note pour écart de conduite budgétaire passe encore. Mais de là à exiger un rendement plus élevé du gouvernent français, alors qu’il nous offre le privilège de financer ses projets. Non mais pour qui se prend-on !

A l’affût du moindre prédateur

Mais que s’est-il produit exactement pour que le taux français reste ainsi aussi sage ? Plusieurs explications sont possibles.

Peut-être cette apparente apathie signifie-t-elle que l’investisseur aurait atteint une forme d’âge de raison, l’invitant à rester zen alors que le bateau coule ? C’est tout à fait possible.

Mais il y a une seconde option, qui semble plus raisonnable. L’investisseur a forcément été pris d’une angoisse terrible, mais il a usé d’une stratégie diablement efficace créant l’illusion d’une parfaite sérénité.

Si le taux d’intérêt français a si peu bougé, c’est au prix d’une gymnastique experte de la part de l’investisseur. En vérité, il n’a aucun mérite, puisque cette gymnastique lui a été inspirée par la stratégie du pigeon. Vous n’avez pas pu échapper à cette démarche si caractéristique de ce mange-tout urbain, ce mouvement de va-et-vient de la tête à chaque fois qu’il se met à marcher.

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