Dans certaines communes, les travaux ont débuté pour la construction de la ligne LGV Bordeaux-Toulouse, qui mettra la cité rose à 3 heures de Paris en 2032.
Parmi les opposants au projet, nombreux sont ceux qui ont été contraints de déménager à cause du nouveau tracé.
Une équipe de TF1 est allée à la rencontre de ces expropriés.
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Le 20H
Des volets fermés et un jardin vide. Depuis une semaine, la maison de Josiane à Saint-Médard-d’Eyrans (Gironde) est inoccupée. Il ne reste plus que les 30 ans de souvenir de cette locataire expulsée. « C’est une désolation. C’est très dur de tout laisser. On a l’impression qu’on perd une partie de soi. Ça m’a tellement travaillée que j’ai perdu dix kilos. C’est très dur », déplore-t-elle.
C’est un crève-cœur. C’est un mal qui vous ronge de l’intérieur.
C’est un crève-cœur. C’est un mal qui vous ronge de l’intérieur.
Josiane
Cette expropriation est la conséquence des travaux envisagés pour la ligne LGV Bordeaux-Toulouse, qui mettra Toulouse à trois heures de Paris en 2032, pour un coût estimé à 14 milliards d’euros. « C’est un crève-cœur. C’est un mal qui vous ronge de l’intérieur. Où est-ce qu’on va aller ? Je ne veux pas aller n’importe où », se désolait Josiane, quand une équipe de TF1 était allée à sa rencontre en mars. Contrairement à d’autres, cette dernière a pu trouver une nouvelle location compatible avec sa petite retraite. Mais la maison dans laquelle elle laisse une bonne partie de sa vie est vouée à la destruction.
Philippe s’occupe quant à lui d’un des nombreux collectifs opposés au projet. « Tout a été détruit, et tout ça dans le but de faire un nouveau pont », s’indigne-t-il devant un terrain vide dans le sud de Bordeaux. « Il va y avoir un mur anti-bruit. Imaginez, dans ce village, les passages à niveau ne vont plus exister, le village va être complètement transformé », alerte l’opposant.
Si dans le sud de Bordeaux et au nord de Toulouse les travaux ont commencé, à Bressols (Tarn-et-Garonne), certains habitants ne savent toujours pas quel avenir leur sont réservé. Véronique et José-Bernard Fabas savent qu’ils seront un jour expropriés. Ainsi, ils n’investissent plus dans leur habitation depuis plusieurs années. « On a fait la piscine en 2007, et personne ne nous a dit qu’il y avait un projet LGV. On n’aurait pas fait la piscine sinon. On a arrêté les travaux », raconte Véronique.
« On ne veut pas partir. C’est notre maison, on l’a bâtie, nos enfants sont nés là, nos petits enfants ont été gardés là… », confie-t-elle, la gorge nouée. Si certains habitants ont déjà vendu à l’amiable, le couple n’a toujours rien reçu de la part de la SNCF. « On ne peut rien attaquer, on ne peut rien finir », explique José-Bernard. « On ne sait pas combien on va nous donner, on n’a aucune information », complète sa compagne, interrogée dans le reportage en tête de cet article.
Près de Montauban sont prévus une nouvelle gare, un hôpital, des commerces, et la nouvelle LGV parallèle au réseau déjà existant. « Au départ, on ne soupçonnait pas que la commune serait aussi impactée », commente le maire de Bressols, Jean-Louis Ibres. Souhaitant aider les 30 foyers expropriés de la commune à trouver des solutions, il a décidé d’acheter un maximum de terrains à bâtir.