Le Mercosur, en quatre questions
Le traité Union européenne-Mercosur, censé faciliter les échanges commerciaux entre les deux blocs, s’annonce comme un point de crispation au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens réunis jeudi à Bruxelles.
- Qu’est-ce que ce traité ?
Le Mercosur est un accord commercial entre l’Union européenne et cinq pays sud-américains du « Marché commun du Sud » dit Mercosur : le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Annoncé fin 2024 après vingt-cinq ans de négociations, il prévoit la suppression de la majorité des droits de douane entre ces deux zones et promet d’importants débouchés aux entreprises des deux continents : le marché sud-américain représente 270 millions de consommateurs, et l’Union européenne (UE), 450 millions.
Le traité doit favoriser les exportations européennes de voitures, de machines, d’alcool, de chocolat, d’huile d’olive ou de fromage. Et permettre l’entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains. L’enjeu de la transition énergétique et technologique pousse par ailleurs l’Europe à se rapprocher de cette partie du monde riche en lithium, cuivre, fer et cobalt.
Les syndicats d’agriculteurs sont très remontés. Le traité prévoit notamment des quotas d’exportation vers l’UE de 99 000 tonnes maximum pour la viande bovine, soit 1,6 % de la production de l’UE. Au-delà, des droits de plus de 40 % (au lieu de 7,5 %), continueront à s’appliquer, selon la Commission européenne.
Les éleveurs bovins français craignent de ne pas être concurrentiels en raison de normes environnementales et de sécurité alimentaire moins contraignantes pour leurs concurrents sud-américains. L’UE espère les rassurer avec des mesures de protection : le Parlement européen a approuvé mardi un suivi des produits sensibles comme le bœuf, la volaille ou le sucre, et une possible réintroduction de droits de douane en cas de déstabilisation du marché. Les eurodéputés et les Etats membres doivent cependant encore trouver un compromis sur les conditions précises dans lesquelles les mesures s’appliqueraient.
- Quel est le calendrier ?
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, espère signer le traité samedi à Foz do Iguaçu, au Brésil, à l’occasion du sommet des chefs d’Etat des pays du Mercosur. Elle a cependant besoin de l’aval des chefs d’Etat et de gouvernement européens – d’où les discussions prévues au sommet de Bruxelles.
La ratification devra dans tous les cas passer ensuite par un vote du Parlement européen, où la partie pourrait s’avérer serrée. Environ 150 eurodéputés ont déjà appelé le Parlement à se tourner vers la Cour de justice de l’Union européenne pour contester le traité.
- Quel est le rapport de force ?
L’Espagne et l’Allemagne sont parmi les pays les plus favorables à cet accord, tandis que Paris et Rome réclament un report. Jeudi, à Bruxelles, Emmanuel Macron a réaffirmé que la France ne signerait pas en l’état ce traité. « Le compte n’y est pas », a-t-il martelé. Au Brésil, le président, Lula, a appelé mardi son homologue français et la première ministre italienne, Giorgia Meloni, à assumer « leurs responsabilités ». Et prévenu que si les Européens disent « non », « nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu’il était possible de céder diplomatiquement ».




