FRANCE – Actions coordonnées ? C’est la question qui se pose ce mardi 15 avril, après le recensement de plusieurs actions non revendiquées visant des établissements pénitentiaires de l’Hexagone. Entre incendies de voitures sur plusieurs prisons et tirs de kalachnikov sur celle de Toulon, où le ministre de la Justice Gérald Darmanin se rendra d’ailleurs dans la journée.
Avant de se rendre sur place pour apporter son soutien aux « agents concernés », le garde des Sceaux a brièvement réagi sur X, affirmant que « la République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels ». « Défiée », la République « saura être ferme et courageuse », affirme le ministre, qui réservera le reste de son discours pour ce déplacement à Toulon, prévu dans l’après-midi.
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Auprès de l’AFP, une source proche du dossier indique que « tout cela semble coordonné et manifestement en lien avec la stratégie contre le narcobanditisme du ministre ». Renforçant un peu plus l’hypothèse d’une action à grande échelle contre les prisons françaises et l’action de Gérald Darmanin. Avant sa venue, le parquet antiterroriste a annoncé se saisir de l’enquête. Les qualifications de l’enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, seront « communiquées ultérieurement », a indiqué le Pnat dans un communiqué.
Des établissements pénitentiaires font l’objet de tentatives d’intimidation allant de l’incendie de véhicules à des tirs à l’arme automatique. Je me rends sur place à Toulon pour soutenir les agents concernés. La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui…
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 15, 2025
Si rien n’a été revendiqué à cette heure, le constat est particulièrement lourd ce mardi matin. « Plusieurs établissements pénitentiaires ont fait l’objet d’incendies de véhicules, le centre pénitentiaire de Toulon a quant à lui fait l’objet de tirs à l’arme automatique cette nuit », a sobrement indiqué le ministère de la Justice. De son côté, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a indiqué sur X avoir ordonné de « renforcer sans délai » la protection des agents et établissements, après ces attaques qualifiées d’« inacceptables ».
Cette nuit, plusieurs attaques inacceptables ont visé des personnels et des biens de l’administration pénitentiaire. Je condamne fermement ces actes, et j’ai donné cette nuit instruction aux préfets, aux côtés des services de police et de gendarmerie, de renforcer sans délai la…
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) April 15, 2025
Une « porte d’entrée principale » criblée de balles
Parmi les lieux visés par des incendies de véhicule, on compte les établissements pénitentiaires d’Aix-en-Provence et Marseille (Bouches-du-Rhône). Celui de Nîmes et celui Valence, où deux voitures de membres du personnel ont été brûlées sur un parking. En Indre-et-Loire, la prison de Luynes a elle aussi été visée, tout comme celle de Villepinte (Seine-Saint-Denis) ou encore celle de Nanterre (Hauts-de-Seine), comme l’indiquent plusieurs médias locaux et Le Parisien, dont les informations ont depuis été confirmées par le ministère de la Justice.
Franceinfo évoque également des incendies de voiture devant l’École nationale de l’administration pénitentiaire d’Agen, dans le Lot-et-Garonne. De quoi entraîner l’évacuation de 200 élèves présents sur les lieux à cause d’un incendie, finalement maîtrisé et qui n’a pas fait de victimes.
Dans le Var, on parle même d’une « d’une attaque d’une violence inouïe » sur le centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, selon le syndicat FO Justice cité par Maritima. Selon le syndicat, la « porte d’entrée principale a été criblée de 15 impacts de balles suite à un tir en rafale de kalachnikov ». Par chance, « aucun personnel n’a été blessé physiquement », même si « cet événement traumatisant a laissé des séquelles psychologiques profondes », déplore FO Justice.
« DDPF »
Si la prudence est de mise, Paris Match évoque une première piste derrière ces actes de vandalisme. Selon le journal, l’action menée sur la voiture personnelle d’un capitaine en poste à la prison de Nanterre aurait été accompagnée d’une inscription laissée au sol par les auteurs, représentant l’acronyme « DDPF ».
Une information relayée également par Le Parisien, qui évoque la même inscription à Marseille, près d’une résidence connue pour abriter les logements de surveillants pénitentiaires. Ici, deux véhicules ont été brûlés et neuf ont été taguées avec les lettres « DDPF », acronyme selon le quotidien, de « Droit des prisonniers français ». Des mentions similaires ont également été recensées à Luynes et à Nîmes, est-il précisé.
Une source proche du dossier cité par l’AFP a depuis indiqué que toutes les hypothèses étaient étudiées concernant ces différentes actions, même si des slogans anarchistes ont été retrouvés sur certains sites visés dans la nuit. Les enquêtes sur ces incendies et les tirs sont coordonnées par la Direction nationale de la police judiciaire, selon cette même source.
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