samedi, mai 18
Le nageur chinois Wang Shun, lors du 400 m quatre nages des Jeux asiatiques de Hangzhou (Chine), le 26 septembre 2023.

La natation connaît de nouveaux remous, dont elle se serait bien passée. D’après une enquête menée conjointement par le quotidien américain New York Times et le groupe public télévisuel allemand ARD, vingt-trois des meilleurs nageurs et nageuses chinois ont fait l’objet d’un contrôle antidopage positif lors d’une compétition tenue à Shijiazhuang (Chine), en janvier 2021. La substance détectée est le trimétazidine, interdite depuis 2014, et jugée à l’origine de l’amélioration de la circulation sanguine. Cette molécule avait été retrouvée lors des Jeux d’hiver de Pékin (2022), dans des analyses effectuées sur la patineuse russe Kamila Valieva, aboutissant à sa suspension pour quatre ans.

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Si une enquête a été effectuée par le ministère chinois de la sécurité publique, suivie d’un rapport de la Chinada, l’agence nationale d’antidopage, aucune suspension provisoire n’a été prononcée, alors que le dossier a été rendu en mars 2021. Et treize de ces vingt-trois nageurs ont participé aux Jeux olympiques de Tokyo 2021.

Parmi eux, Wang Shun, sacré au Japon champion olympique du 200 m quatre nages et médaillé d’argent du relais mixte, un podium qu’il avait partagé avec Yang Junxuan, également contrôle positif. La sprinteuse Zhang Yufei fait également partie de ces athlètes, selon l’enquête, elle qui a été quadruple médaillée à Tokyo – dont deux titres – et se présentera à Paris, en favorite des distances courtes en nage papillon.

Selon l’ARD – qui avait déjà révélé le scandale du dopage russe au terme de l’année 2014 – et le New York Times, l’Agence mondiale antidopage (AMA) et la Fédération internationale de natation ont accepté les explications remises par les autorités chinoises, qui évoquent une ingestion involontaire, causée par « un approvisionnement alimentaire contaminé. »

« Un maquillage au plus haut niveau »

L’AMA a justifié à l’ARD l’absence de sanctions en indiquant n’avoir retenu « aucun fondement » permettant de « contester l’explication de la contamination », et ce, notamment, en raison des faibles concentrations. Une position qui surprend à plusieurs niveaux, à commencer par celui des organismes indépendants, tels que l’International Testing Agency (ITA). L’agence basée en Suisse a déclaré que « sa propre évaluation de l’affaire est toujours en cours ».

Face à ce cas d’ampleur, les Etats-Unis n’en démordent pas, et le patron de l’agence antidopage américaine (Usada), Travis Tygart, estime qu’il s’agit de « révélations choquantes » et d’un « coup de couteau dans le dos de tous les athlètes propres ». Selon lui, l’affaire sent « le maquillage au plus haut niveau de l’AMA ».

Interrogé par le New York Times, Travis Tygart est même allé plus loin : « Tous ceux qui ont eu les mains sales en enterrant ces tests positifs et en étouffant les voix des courageux lanceurs d’alerte, doivent être tenus pour responsables dans toute la mesure du possible, conformément aux règles et à la loi. »

Et à Washington, une loi adoptée en 2020, pourrait bien mener cette affaire vers un conflit de taille. En cas d’ouverture d’une enquête des autorités américaines, le ministère de la justice aurait le pouvoir d’engager des poursuites pénales contre les tentatives de corruption par le dopage lors de compétitions sportives internationales, quel que soit le lieu où elles se déroulent.

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Le Monde avec AFP

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