lundi, janvier 13

Avec le télétravail et le développement du « flex office », les immeubles de bureau se vident.
Rien qu’en Île-de-France, pas moins 10% du parc immobilier est aujourd’hui inoccupé.
Sans avenir, et impossible à louer en l’état, les promoteurs sont souvent contraints de les détruire.

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LE WE 20H

Moins de bureaux et plus de logements. Avec l’essor du télétravail et le développement du « flex office (nouvelle fenêtre) » (comprendre, l’absence de poste de travail fixe), cinq millions de mètres carrés de bureaux se trouvent actuellement inoccupés en l’Île-de-France. Soit 10% de l’ensemble du parc de l’immobilier de bureau. Du jamais-vu ! Sans avenir et impossible à louer en l’état, les promoteurs n’ont bien souvent pas d’autre choix que les détruire pour en faire des logements par la suite. 

À Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), où s’est rendue une équipe de TF1, les chantiers se multiplient. Le groupe Novaxia, spécialisé dans le recyclage urbain, a été chargé de démolir un bâtiment d’une surface de 10.000 m² répartis sur quatre étages. Des centaines d’employés travaillaient dans cet immeuble, mais son propriétaire, une entreprise de service, a quitté les lieux en 2022.

Une réhabilitation en logement, comme c’est le cas parfois, n’est pas possible pour ce bâtiment. Dans le reportage du 20H à voir en tête de cet article, son président Joachim Azan en explique les raisons. « Ce sont des fenêtres de 1970. Aujourd’hui, on ne fait plus des fenêtres comme ça. Il faudrait changer toutes les fenêtres du bâtiment« , montre-t-il à la caméra de TF1. En cause, de nouvelles normes d’isolation, mais aussi de sécurité.

De plus, le bâtiment est trop large, trop bas de plafond, et sa structure ne permet pas de créer de nouveaux étages. Au final, seul le parking en sous-sol sera conservé, tout le reste sera détruit. « C’est la solution du moins pire, en s’assurant que les méthodes de déconstruction, de réemploi de matériaux sont vertueuses et mises en place« , souligne Joachim Azan devant notre caméra.

Limiter au maximum l’impact écologique

Démolir tout en limitant l’impact écologique, c’est l’engagement du promoteur dans ce quartier de Rueil-Malmaison. Les sanitaires seront recyclés, tout comme le cuivre des câbles électriques. Quant aux portes, elles vont être converties en tables de bureau. Après l’étape du curage, qui consiste à « déshabiller » le bâtiment, l’ensemble de la structure sera rasé jusqu’au rez-de-chaussée. 

Là encore, en recyclant autant que possible les matériaux. « Nous allons réemployer 85% des matériaux de déconstruction. Et le béton de la structure va être concassé avec différents diamètres pour être réutilisé, par exemple, en sous-couches de voirie« , détaille Benoît Violet, directeur du Pôle mixte chez Novaxia, devant notre caméra. Des projets similaires sont aussi en cours à Clichy (Hauts-de-Seine), qu’on peut voir également dans le reportage ci-dessus.

Tout a changé avec le développement du télétravail

Car aujourd’hui, avec le télétravail (nouvelle fenêtre), ces logements tout équipés concurrencent les immeubles de bureaux. « Quand vous prenez un mètre carré dans le résidentiel, il est à peu près utilisé à plus de 70% au cours de la semaine. Alors qu’aujourd’hui, dans le bureau, on est entre 15 et 20% d’utilisation du même mètre carré« , souligne Frédéric Goupil de Boulé, président de l’association des directeurs immobiliers (Adi), dans le reportage. Mais alors, quel avenir pour l’immeuble de bureau ? Pour éviter que les quartiers d’affaires ne se vident, celui-ci va devoir évoluer. 

Filiale de Société Générale, le groupe Sogeprom entend lui créer des immeubles mixtes où les bureaux côtoient des logements privés. « Il faut qu’à un quart d’heure à pied, on puisse vivre, habiter, travailler, aller à l’école, aller chez le médecin, avoir accès à une offre culturelle pour créer une dynamique de quartier », explique au micro de TF1 sa directrice générale, Béatrice Lièvre-Théry. Ce concept d’immeubles mixtes sera peut-être l’une des réponses à la crise du logement. Pour y répondre, on estime qu’il faudrait construire 400.000 logements supplémentaires par an d’ici à 2030.


La rédaction de TF1info | Reportage : Ludovic Romanens, Julien Bervillé

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