mardi, octobre 22

Hasard du calendrier, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale arrive au Parlement en ce mois d’Octobre rose, consacré à la sensibilisation et à la prévention du cancer du sein.

Le cancer du sein reste un défi majeur de santé publique, touchant plus de 61 000 femmes chaque année en France. Bien que le dépistage précoce soit crucial pour augmenter les chances de guérison, des inégalités flagrantes persistent, entravant l’accès équitable à ce service vital. En effet, le taux de dépistage en France n’est que de 47 %, contre 54 % en moyenne en Europe.

En tant que femmes engagées et professionnels investis dans la lutte contre le cancer, nous, signataires de cette tribune, appelons à une révision urgente des politiques de dépistage pour mieux répondre aux besoins de toutes les femmes, sans distinction d’âge, de lieu de résidence ou de situation de handicap.

Cinq mille femmes de moins de 40 ans

Le dépistage organisé du cancer du sein cible actuellement les femmes de 50 à 74 ans. Or, ce seuil d’âge doit être revu. L’incidence des cancers du sein continue d’augmenter pour les femmes avant 50 ans et après 75 ans, non concernées par le dépistage organisé. Chaque année en France, cinq mille femmes de moins de 40 ans développent un cancer du sein ; or les femmes de moins de 50 ans doivent avoir accès à un suivi gynécologique annuel pour que le spécialiste évalue l’intérêt d’une imagerie, à bon escient.

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Les avancées en oncogériatrie et les changements physiologiques des femmes âgées justifient d’évaluer précisément la balance bénéfice/risque après 75 ans : certaines femmes de 75 ans ou plus ont un âge physiologique de dix ans de moins et une espérance de vie de plus de vingt ans, d’autres au contraire sont fragiles, avec de multiples comorbidités ou en perte d’autonomie. A l’heure de la constitution de la nouvelle stratégie décennale de lutte contre les cancers, borner le dépistage en fonction de l’âge chronologique uniquement est dépassé.

Près de 20 % des nouveaux cas de cancer du sein concernent des femmes de plus de 75 ans, qui représentent en fait un quart des nouveaux cas de cancer et la moitié des décès. Souvent diagnostiquées tardivement, ces femmes voient leur prise en charge compliquée. De plus, les personnes âgées ne bénéficient pas des efforts de recherche comme les autres catégories de la population, ce qui rend leur prise en charge incertaine et non basée sur des preuves scientifiques.

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Aujourd’hui, moins de 7 % des patients de plus de 75 ans atteints de cancer sont inclus dans des essais cliniques, alors qu’ils représentent plus de 30 % des nouveaux cas. Une évaluation annuelle du risque conjoint de cancer du sein et de la fragilité, multimorbidité associée, pourrait être demandée aux médecins ou aux infirmières de pratique avancée (IPA) chargés du renouvellement des prescriptions des personnes âgées, offrant ainsi une chance égale de bénéficier d’un diagnostic précoce.

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