samedi, juin 29

L’abstention aux élections s’impose désormais comme une variable d’ajustement de la légitimité comme de la bonne santé d’un système démocratique. Symptôme d’une crise généralisée de la représentation politique ou nouveau vecteur de vigilance citoyenne, elle est l’objet d’une tentation de plus en plus pressante pour nombre de citoyens et introduit de fait une part d’aléa quant aux arbitrages et aux choix électoraux qui seront finalement rendus.

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Ce nouveau rôle d’arbitre démocratique apparaît particulièrement crucial dans le cas de la séquence électorale inédite que le pays traverse, voyant se conjuguer des élections européennes faiblement mobilisatrices, une dissolution de l’Assemblée Nationale dès leurs résultats annoncés, le 9 juin, et des élections législatives qui, depuis la réforme du quinquennat en 2001, nous avaient habituées à mobiliser peu et à être utilisées comme des élections de confirmation de la présidentielle s’étant jouée un mois auparavant. Cet agenda électoral inattendu débouche sur l’enchaînement de deux élections, une première « élection intermédiaire », pour laquelle le ressort de l’acte électoral est au premier chef de sanctionner le pouvoir en place, une seconde de statut totalement particulier pour des législatives sous la Ve République, les premières législatives post-européennes.

Comment voteront les nombreux abstentionnistes au scrutin du 9 juin ? L’indice de participation pour le premier tour des législatives (63 %) enregistre une progression de + 11,6 points par rapport aux élections européennes, et surtout de + 15,5 points par rapport aux législatives de 2022, se rapprochant des niveaux de participation, pour ce type de scrutin, de la fin des années 1990. Une mobilisation électorale est donc bien visible dans la plupart des segments de la population, même si elle reste moins marquée parmi les jeunes et les catégories populaires. Un jeune sur deux (51 %) de moins de 35 ans déclare être certain d’aller voter dimanche 30 juin ; parmi les plus de 60 ans, ce sont les trois quarts (72 %) qui sont dans la même disposition. Les ouvriers et les employés se montrent davantage tentés par l’abstention (respectivement – 9 points et – 8 points sur l’indice de participation par rapport à la moyenne).

Pour comprendre les ressorts et l’amplitude de cette mobilisation électorale, la prise en compte de la réponse électorale exprimée lors des élections européennes fournit quelques clés de lecture. On peut différencier quatre groupes d’électeurs. Un premier groupe est constitué des votants constants, soit de ceux qui ont voté aux européennes et qui se disent certains de voter au premier tour des législatives (59 %). Un second groupe rassemble les abstentionnistes constants restant en retrait des deux scrutins (15 %).

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